C’est avec de moins en moins de complexes que, depuis plusieurs années, les services publics gratuits et universels sont brisés au profit du secteur privé lucratif. Comme dans un corps malade éprouvé par des années d’affaiblissement, les corps sociaux précarisés par le traitement néolibéral fonctionnent par leur seule volonté et sont moins aptes à s’adapter aux perturbations.
C’est d’autant plus vrai quand les protocoles qu’on leur donne pour résister organisent leur désorganisation. L’incohérence a été criante ce dernier mois au sein d’une éducation nationale qui manquait déjà de moyens : pas de tests alors que le protocole en prévoit pour tous les cas contacts, obligation de faire cours en même temps pour les absents et les présents, décisions de dernière minute… Alors que cela fait deux ans que la pandémie sévit, deux hypothèses s’offrent à nous : soit il n’y a pas eu d’anticipation du gouvernement, soit la pagaille est sciemment orchestrée.
On peut étendre ce raisonnement aux deux autres branches de la fonction publique que sont l’hôpital et la justice. En pleine crise Covid, 500 lits de réanimation ont été supprimés entre mars 2020 et 2021. Alors qu’il aurait fallu en augmenter le nombre, l’année 2020 obtient le triste record du nombre de suppressions de places (5 700), et l’absence de recrutement a contraint des personnels asymptomatiques à venir travailler au cœur de la 5e vague !
Au sein de l’institution judiciaire, la même exaspération s’est fait ressentir depuis le mois de décembre sous la forme d’une tribune et d’une grève. Comme à l’hôpital, ce sont les personnels qui ont la sensation de mal faire leur travail et les justiciables qui attendent des années avant d’être jugés, souvent en seulement quelques minutes.
Ce ne sont pas les besoins qui dictent les politiques publiques nationales actuelles mais bien une vision comptable productrice d’inégalités et de divisions, qui vide de son sens la devise nationale. Il est encore temps de s’y opposer !