Par Aurore Gorriquer
Parmi les demandeurs d’emploi, beaucoup sont pauvres ou ne touchent pas d’allocations chômage (Seulement 40% des inscrits à Pôle emploi sont indemnisés). Situations préoccupantes : 13 % renoncent aux soins, 8 % déclarent avoir des pensées suicidaires. Christophe Dejours, médecin psychiatre et psychanalyste, fondateur de la psychodynamique du travail, analyse les effets délétères de l’absence d’emploi sur la santé globale des individus.
Ce spécialiste de la souffrance au travail explique que le travail n’est jamais neutre vis‑à‑vis de la santé. Il peut générer le meilleur, comme l’estime de soi, mais aussi le pire, que ce soit le dénigrement dans le travail ou la privation d’emploi, qui peuvent saper les fondements de la personnalité.
C’est pour ça qu’il est essentiel de prêter attention au travail, mais surtout aux travailleurs et à ceux et celles qui souffrent de l’absence de travail. Le projet Territoire zéro chômeur de longue durée a été lancé par ATD Quart Monde, qui a été rejoint par d’autres acteurs de la lutte contre l’exclusion, comme Emmaüs France ou Le Secours Catholique.
L’expérience repose sur trois intuitions : personne n’est inemployable, ce n’est pas l’argent qui manque, ce n’est pas le travail qui fait défaut.
Le but de Territoire zéro chômeurs est d’employer des personnes qui sont sans emploi depuis plus d’un an, en s’appuyant à la fois sur les besoins du territoire, mais aussi sur leurs propres envies et compétences.
Le quartier Saint-Jean, c’est 56 % de logements sociaux, 5 % de catégories socioprofessionnelles aisées contre 13% pour tout Villeurbanne, une population à faibles revenus, le revenu médian est de 10 310 euros sur le quartier prioritaire contre 18 606 € à Villeurbanne : c’est donc pour le quartier Saint-Jean que Villeurbanne a d’abord candidaté et a été choisie, comme 10 autres territoires en France. L’expérience a débuté en 2017.
A Saint-Jean, c’est l’Entreprise à but d’emploi Emerjean qui porte le dispositif. Emerjean propose des services aux habitants, comme par exemple, « voisins malins », c’est une association qui réalise des campagnes de porte-à-porte avec des partenaires locaux, afin d’améliorer l’accès aux habitant.e.s du quartier aux services de la vie quotidienne, l’embellissement des logements et récemment des services de postes, mais aussi des services en lien avec la transition écologique (maraichage urbain, boutique de tri, collecte de compostage de biodéchets) et des services aux entreprises (couture, blanchisserie professionnelle, soutien administratif…).
Emerjean joue donc un rôle important pour ce territoire encore enclavé qui a besoin de services de proximités.
Depuis 2017, plus de 200 personnes ont été rencontrées en entretien individuels, plus de 100 personnes sorties durablement de la privation d’emploi, 80 emplois ont été créés au sein de l’entreprise à but d’emploi Emerjean. La mobilisation des acteurs du territoire (Mission locale, Pôle Emploi acteurs associatifs…) a été croissante et ne se dément pas. Le rapport d’évaluation intermédiaire de septembre 2020, souligné pour sa qualité au niveau national, met en avant ses premiers résultats mais aussi des axes d’amélioration.
Comme toutes les expérimentations, chaque renouvellement amène à trouver des points d’amélioration dans l’espoir d’un projet durable.
La deuxième délibération porte sur Le Booster de Saint-Jean, une association régie par la loi de 1901, créée en février 2017 au service du développement du territoire en lien avec les habitants, les entreprises et les collectivités territoriales, elle a pour objectif de sécuriser et d’accélérer l’expérimentation « Territoire zéro chômeur de longue durée » Villeurbanne-Saint-Jean.
Les activités du Booster sont assurées par deux dispositifs :
– le « Booster des talents » : qui accompagne les demandeurs d’emploi avant et après leur passage par l’entreprise à but d’emploi (EmerJean),
– le « Booster d’activités » qui réfléchit et propose des activités utiles, novatrices, et génératrices d’emploi. Ces activités peuvent être portées par la suite par EmerJean, par d’autres entreprises sociales ou conventionnelles (filières de l’économie circulaire ou de l’éco-mobilité notamment).
Je vous propose donc de voter ces deux délibérations pour le renouvellement de l’expérience Territoire zéro chômeurs à Saint-Jean. Nous allons continuer à travailler vers le meilleur accompagnement possible des demandeurs d’emploi, et pour des emplois utiles pour le quartier, répondant aux grands enjeux sociaux et environnementaux actuels.
Je rajouterais à ton article, Aurore, que à l’origine de la création de térritoire zero chomeurs les syndicats CFDT et CGT (je ne suis pas sûre de leur présence au début mais cfdt si) étaient présents. Et c’est important car en ce suis concerne la santé au travail je pense que nous sommes les mieux placés pour savoir de quoi on parle.
La CGT était présente au début de l’expérience “territoire zéro chômeur” et s’est rapidement implanté auprès des salariés qui ont trouvé un soutien important face à des pressions naissantes. L’expérience à très rapidement tourné à la prise en main par le capital qui y a vu une manière de faire du profit tout en prenant des activités de services publics avec des fonds publics uniquement. A une autre époque, ces activités étaient qualifiées de détournements de fonds. Le social n’est plus l’objectif de cette expérience, il faut mettre un terme à cet échec et redonner au service public la gestion des emplois concernés.