Par Laure-Emmanuelle Pradelle
Villeurbanne a toujours su donner à la culture une place très importante dans son action municipale et sur son territoire : en témoignent les équipements, les nombreux acteurs culturels, les structures labellisées au niveau national. Après la grande aventure de la décentralisation et de la démocratisation de la culture, il est temps maintenant de commencer l’aventure des droits culturels.
Promouvoir les droits culturels, c’est donner une nouvelle dimension au mot “culture”, mais surtout ! c’est construire une culture de tous, pour tous et par tous. En 2018, le département de la Manche mettait en place un projet de développement de ces droits ; suivons son exemple, et considérons la culture au-delà du loisir et de l’éducation. C’est le sens de la mission que vous m’avez confiée monsieur le Maire, en lien avec Stéphane Frioux, adjoint à la culture.
Pourquoi est-ce que je vous parle de cela ? Parce que l’engagement de Jean Bellorini, directeur du TNP, pour agir au plus près des habitants et surtout avec eux ! est un signe fort et très positif qu’il faut souligner et encourager. La direction que promet cette convention entre le TNP et Villeurbanne correspond bien à l’esprit de ces droits culturels. Les droits culturels, ce sont des droits humains fondamentaux, attachés aux personnes, qui leur garantissent l’expression libre de leur identité, de leurs pratiques culturelles. La culture ne doit pas être enfermée dans des espaces clos, qui semblent réservés à quelques privilégiés. La culture est présente partout, car chaque être en est porteur. La force du projet du TNP (et il y a aussi à Villeurbanne des acteurs moins renommés que le TNP qui sont déjà dans la défense de ces droits culturels), la force de ces projets est précisément de révéler l’identité et les pratiques de personnes dont la culture n’est habituellement pas valorisée, pas représentée. Il s’agit d’abolir la domination d’une culture sur une autre.
Pouvoir faire vivre sa culture, c’est aussi exister en tant qu’individu, en tant que membre d’un groupe social, auprès du reste de la société. Faire connaître les cultures, les pratiques, les savoirs-être des personnes, c’est lutter activement contre les discriminations. Bien souvent, le rejet de l’autre vient de la peur qu’il nous inspire, et cette peur vient de l’inconnu, de ce qui est différent, de ce que l’on ne comprend pas, de ce que l’on ne voit pas. Comment expliquer autrement la peur commune qu’ont les humains de l’obscurité ? Donner à voir les différences culturelles portées par celles et ceux qui les pratiquent, c’est apporter de la lumière sur elles, sur eux, et c’est combattre les incompréhensions et les préjugés.
Sortir de la culture dominante, c’est aussi permettre la pérennité des identités culturelles multiples qui font la richesse de notre ville. Villeurbanne est une petite France, et la France est un petit monde ; notre territoire profite d’une diversité culturelle : mettons-la en avant ! La culture, ce ne sont pas seulement les Lettres ou les Arts ; c’est aussi une façon de cuisiner, de parler, de pratiquer un sport, c’est ce qui nous constitue et cela ne s’apprend pas forcément à l’école ou dans les salles de spectacle. En faisant participer les artistes et les habitants, au sein même de leur lieu de vie, à des projets communs, nous pourrons faire vivre toutes les cultures dans notre commune et créer des espaces de compréhension entre les citoyens.
Merci Laure pour ce texte, dont j’approuve la totalité du contenu. Maintenant il va falloir proposer des actions dans la lignée de l’expression des droits culturels.
-d‘intégrer les cultures et pratiques artistiques souffrant d’un dé faut de visibilité dans les lieux culturels (TNP) et évènements et de soutenir leur diffusion par un mécanisme d’incitation financière.
-d’adapter les lieux culturels aux besoins spécifiques des publics les plus fragiles afin de garantir une réelle accessibilité aux œuvres pour tous les publics. Cette politique d’accès doit être co-construite avec les personnes concer nées, en proximité, dans les quartiers.
– préconiser que la gouvernance des établissements publics culturels soit paritaire (femmes-hommes), ouverte à l’ensemble des parties prenantes, notamment aux associations culturelles, sociales et d’éducation populaire et assure une mixi té des usagers (âge, milieux socio-culturels, etc.) Ainsi, ces acteurs devraient être associés plus étroitement à la conception des programmations des établissements publics culturels et/ou à la programmation scientifique et culturelle des musées publics.
– faire des lieux culturels des lieux du quotidien et d’étendre leurs fonctionnalités, de manière à rompre «l’effet du seuil» et de les rendre plus familiers.
– que chaque enfant ait accès à une pratique artistique tout au long de sa scolarité, et de mettre l’accent sur la pratique du théâtre, de la danse et du chant choral à l’école au collège, au lycée et à l’université et d’autre part de poursuivre les efforts en direction de la pratique orchestrale et des arts plastiques.
Bonne cogitation