Le 4 mars 2024 marque une nouvelle étape aux conquêtes des femmes et des féministes. Pour la première fois au monde, une Constitution protège le recours à l’IVG. Cette victoire n’aurait pas été possible sans les figures féministes des siècles passés, mais surtout sans les milliers de militantes qui œuvrent encore. Disposer librement de son corps, c’est commencer à disposer de sa vie. Le droit à l’IVG est un des fondements de l’autonomie des femmes sans lequel il n’y a pas de véritable égalité.
C’est aussi l’un des droits les plus attaqués par les politiques réactionnaires. En Pologne, l’interdiction de l’avortement a entraîné la mort d’au moins 6 femmes. Aux Etats-Unis, elle les contraint à parcourir des milliers de kilomètres ou à commander des pilules abortives à l’étranger. Ce droit est en danger en Argentine, mais également en Italie où la coalition néofascite des droites le remet subtilement en cause. Procédure complexe, coupes budgétaires, non-enseignement dans les écoles de médecine… sont autant de stratégies qui visent à rendre l’avortement impossible.
C’est certainement cette méthode qu’adopterait le RN s’il arrivait au pouvoir. Si son discours est passé de « les lois sur l’IVG seront abrogées » au silence, les faits sont têtus : Marine Le Pen s’est opposée à l’allongement du délai d’avortement et son groupe a rejeté un texte condamnant le recul de ce droit en Pologne. Nul doute que les « mesures incitatives » contre l’avortement qu’elle évoquait en 2006 ressembleraient à s’y méprendre à celles utilisées par sa cousine italienne.
Cette constitutionnalisation, ainsi que l’élargissement des prérogatives des sage-femmes, nous les voyons comme des étapes dans le chemin qu’il reste à parcourir vers un vrai droit à l’IVG : abrogation de la double clause de conscience, approvisionnement assuré en médicaments abortifs, réouverture de centres de santé sexuelle … Après la victoire du 4 mars, plus rien n’est impossible !