Par Gaëtan CONSTANT
Pour la n-ième fois, Monsieur Combrecque, vous nous demandez ce soir de dépenser des milliers d’euros d’argent public pour un dispositif qui aide à résoudre 2 à 4% des infractions.
Je ne parle pas de la médiation sociale ou de l’amélioration de la relation police-population, qui représentent moins de la moitié de l’argent que nous demandons à l’Etat et que nous soutenons.
Je parle, encore et toujours, des caméras de surveillance.
83 027 euros donc, auxquels on doit ajouter, pour être transparents face à nos concitoyens et concitoyennes, les 500 000 demandés il n’y a pas un mois au Ministre de l’Intérieur.
Ces presque 600 000 euros, ce sont des moyens humains que nous n’ajoutons pas pour véritablement améliorer la sûreté publique.
Car que font les caméras, si ce n’est répondre à un sentiment d’insécurité par une impression de sécurité ? Nous ne disons pas qu’elles ne sont pas parfois utilisées par la police, mais leur utilité est résiduelle par rapport à ce que pourraient apporter des éducateurs pour la même somme.
Nous refusons de nous soumettre au chantage que nous fait le Ministre de l’Intérieur, qui nous promet l’augmentation des effectifs de police en échange de l’installation de caméras. Si Gérald Darmanin voulait véritablement lutter contre le trafic de drogue, il devrait légaliser et encadrer le cannabis plutôt que gaspiller de l’argent public dans une vidéosurveillance qui ne fait que déplacer le problème.
Il y a un an Monsieur Crombrecque, vous nous avez cité plusieurs chiffres pour justifier l’installation de ces caméras, tout en disant qu’aucune étude n’avait été faite. Encore une fois, au vu des sommes dépensées et de l’opposition d’une partie de ce Conseil Municipal aux caméras, une étude est plus que nécessaire. Nous pourrions la confier à un ou une conseillère, ou bien à l’Assemblée citoyenne, si celle-ci est intéressée par le sujet.
Nous sommes bien conscients qu’une partie des villeurbannais et villeurbannaises demande plus de caméras. Mais il nous faut du courage politique ; du courage politique pour leur démontrer que ces caméras ne résolvent pas le problème de fond ; et du courage politique, aussi, pour écouter la part silencieuse de celles et de ceux qui refusent leur installation.
Les groupes politiques que je représente ici ne se font que la caisse de résonance des oppositions à la techno-société et au techno-capitalisme, où la technologie est utilisée pour contrôler les corps et les comportements. Saviez-vous qu’en 2013, des caméras de surveillance étaient déjà capables de lire à plusieurs centaines de mètres ce que vous écriviez sur votre téléphone ? Vous n’êtes pas non plus sans ignorer que la surveillance algorithmique a été autorisée par les députés avant, pendant et après les Jeux Olympiques de Paris, chose que la ville de Nice et ses 4 000 caméras réclame depuis des années. La prochaine étape, c’est celle de l’intelligence artificielle et de la reconnaissance faciale.
Installer toujours plus de flux vidéo, c’est ouvrir la porte à un projet de contrôle, un projet qui puni les comportements plutôt que les actes, à un projet qui renverse notre droit. Notre réglementation qui protège de ces dérives se délite comme peau de chagrin. Si l’extrême-droite prend le pouvoir, serez-vous ravis de lui avoir fourni sur un plateau tous les outils technologiques pour contrôler, menacer et réprimer ses opposantes et opposants ?
Tout cela, ça se fera sans nous.
Vous avez refusé de séparer en deux la demande de subvention en mettant à part le volet vidéosurveillance. Nous voterons donc contre cette délibération.