De la Vienne jusqu’au Rhône, de Lille à la Corrèze en passant par le plateau des mille vaches, c’est partout en France qu’est attaqué, depuis deux ans, le droit d’association.
La Commission nationale consultative des droits de l’Homme avait prévenu : « Les dispositions du projet de loi [séparatisme] posent problème […] : certaines d’entre elles portent atteinte aux droits et libertés fondamentales ». La loi a en effet rendu obligatoire la signature d’un « Contrat d’engagement républicain » par les associations bénéficiant de soutien public, en échange de quoi elles doivent respecter des engagements si flous qu’ils ne peuvent rendre qu’arbitraire leur application.
C’est ce qui se passe dans les faits. Avec leurs financements retirés par les préfectures, des organisations écologistes sont de fait empêchées d’exercer leur activité. Cette censure par l’argent est d’autant plus pernicieuse qu’elle entraîne de l’autocensure. La loi séparatisme n’est finalement qu’une excuse de plus pour museler les oppositions politiques, de la même façon qu’à leur époque ont été interdites les associations d’esclaves, d’ouvriers ou de femmes qui luttaient pour leurs droits.
La Cour Européenne des droits de l’Homme le rappelle : « la désobéissance civile [est] l’un des aspects les plus importants de la liberté d’expression ». Pourtant, Alternatiba s’est vue à plusieurs reprises retirer sa subvention sous le prétexte qu’elle encouragerait ce type d’actions. Mais quelle autre solution reste-t-il aux associations écologistes, quand l’État lui-même est condamné pour inaction climatique ?
La loi séparatisme est utilisée par les macronistes pour privatiser la définition de la République. Si les associations ne respectent pas le cadre Républicain tel que théorisé par le pouvoir, elles ne peuvent plus exercer de contestations. Mais une République dans laquelle celles-ci sont de plus en plus limitées est-elle encore une démocratie ? Est-ce cela, la République française telle que nous la voulons ?