Par Agathe FORT
Comme chaque année, je vous présente le rapport de la ville en matière de lutte contre les discriminations. C’est le 3ème rapport multicritères, qui, appuyé sur notre obligation pour l’égalité femme-homme, rapporte nos actions sur l’ensemble des critères de discriminations, qu’elles soient liées au genre, au handicap, à l’âge, ou encore aux critères ethno-raciaux qui sont encore aujourd’hui les plus niés.
Quelques chiffres nationaux pour replacer le contexte : le décompte des féminicides par compagnon ou ex-compagnon en est déjà à 91 pour cette année 2023, 1250 actes antisémites recensés en France depuis le 7 octobre, des milliers d’enfants handicapés sans accès à une scolarisation adaptée notamment par manque d’AESH, des agressions LGBTphobes en hausse avec une agression physique tous les deux jours.
Dans un contexte national difficile avec une montée de l’extrême droite, qui est tellement islamophobe qu’on en oublierait presque qu’elle est antisémite et misogyne, avec des révoltes urbaines cet été dans nos quartiers, avec la commémoration des 40 ans de la Marche pour l’égalité et contre le racisme, avec une loi immigration en préparation qui risque d’être catastrophique pour notre devoir d’hospitalité, dans un contexte international dramatique, et avec une inflation galopante, la demande d’égalité réelle est omniprésente mais les politiques peinent à émerger. La lutte contre les inégalités et les discriminations reste un enjeu majeur, et notre équipe municipale y travaille au quotidien. C’est ce que vous pouvez constater dans ce rapport annuel.
Notre observatoire des discriminations se poursuit et cette année confirme que les critères ethno-raciaux sont les plus présents : si on cumule origine ethnique (36%) , conviction religieuse (12% avec principalement des femmes musulmanes portant le foulard) et nationalité (11%), on atteint 59% des situations de discrimination recensées. Le domaine le plus concerné est l’emploi avec 48% des situations recensées. Quant aux lieux des discriminations, il est à noter que 31% d’entre elles se situent dans l’administration et le service public. Villeurbanne n’est pas une exception, nos chiffres sont assez comparables aux chiffres nationaux. Il est donc urgent d’agir.
Je ne vais pas vous détailler l’ensemble du rapport, car un certains nombres d’actions se poursuivent depuis plusieurs années, et j’ai déjà eu l’occasion de vous les présenter. Nous avons des dispositifs solides qui essaiment notre façon de faire, inspirent d’autres collectivités, et cadrent notre action selon les principes : observer, former et se former, agir et changer. Je reste bien évidemment à votre disposition pour des questions si besoin.
Je vais donc vous présenter les actions nouvelles et remarquables de cette année.
Comme pour ce rapport annuel, nous avons ouvert notre rapport de situation comparée à d’autres critères que le sexe: nous avons ajouté le handicap et l’origine supposée, comme le préconise le défenseur des droits dans son rapport « Discriminations et origines, l’urgence d’agir ». Les premiers résultats nous montre une ségrégation verticale, dans les avancées de carrière, les grades, les promotions, ainsi qu’une ségrégation horizontale, qui elle parle de la répartition au sein même des filières à poste égal. Nous avons aussi des inégalités entre les filières, et tout ceci pour les trois critères de discrimination objectivés. Nous allons nous servir de ces chiffres pour orienter notre action pour les trois années à venir, dans le plan d’actions égalité salariale interne 2024-2026 sur lequel je travaille avec mon collègue Olivier Glück, délégué aux ressources humaines. Nous travaillons ces enjeux et ce plan d’actions avec la commission contributive interne égalité et non-discrimination, dans laquelle une 40aine d’agentes et agents, représentatifs de notre collectivité, et cette commission pourra construire et évaluer nos actions à nos côtés.
Nous avons complété ce rapport de situation comparée d’une enquête interne sur les LGBTphobies, dont les critères n’y sont pas intégrables, et ce afin d’améliorer notre compréhension et notre travail sur les inégalités et les ambiances de travail.
D’autre part, nous avons lancé un grand appel à projets en faveur de la lutte contre les discriminations afin de soutenir le réseau associatif et en particulier les associations émergentes, car la lutte contre les discriminations ne peut pas se faire sans les concerné.es. Nous y avons donc priorisé le développement du pouvoir d’agir des concerné.es, les discriminations ethno-raciales vu la faiblesse de leur prise en charge actuelle, l’aide à l’action par le droit de l’anti-discrimination, qui est solide mais peu saisi, et l’expérimentation de méthodes innovantes qui s’attaquent aux discriminations systémiques en associant les différentes parties prenantes.
Cet appel à projet nous permet de continuer à préparer notre future Maison de l’égalité et de la lutte contre les discriminations, pour laquelle nous sommes en train de recruter une personne supplémentaire. Cela nous donnera les moyens d’accompagnement et d’animation du réseau nécessaires à la bonne avancée du projet.
Autre projet marquant de l’année, nous nous sommes engagés avec la Métropole et la ville de Lyon pour la rédaction et la mise en œuvre d’un plan de lutte contre les discriminations à l’emploi sur l’ensemble de nos territoires. C’est une grande avancée pour l’égalité dans l’emploi, qui reste un domaine particulièrement touché par les discriminations. C’était d’ailleurs le premier domaine sur lequel Villeurbanne s’était engagée, c’est pourquoi nous sommes particulièrement enthousiastes à travailler conjointement avec la Métropole qui a beaucoup de compétences en matière d’emploi. Nous participons à ce projet avec mon collègue Paul Campy, délégué à l’emploi, que je remercie pour son travail sérieux et engagé.
Je tiens également à souligner également la création du labo LCD [lutte contre les discriminations], avec quatre chercheurs qui travaillent sur les questions d’inégalité et de discriminations sur différents critères, qui va nous permettre de croiser les savoirs et pratiques scientifiques, professionnelles et militantes, dans l’objectif de construire une culture commune de la non-discrimination, et de contribuer au décloisonnement et à la convergence des luttes, ainsi qu’apporter des connaissances pour adapter le développement de la politique villeurbannaise.
Pour terminer, je vous invite aux événements concernant deux grands sujets importants de cette fin d’année :
- La commémoration des 40 ans de la marche pour l’égalité et contre le racisme avec le 1er décembre l’inauguration de l’Exposition de Farid L’Haoua, à l’Hôtel de Ville, que vous pourrez voir du 28 novembre au 15 décembre, mais aussi le 6 décembre une marche au départ des différents centres sociaux de la ville vers l’hôtel de ville, vous pourrez avoir les renseignements auprès du centre social de votre quartier.
- Le 25 novembre, qui est la journée de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, qui sera aussi le jour de la manifestation à Lyon. Cette manifestation sera entourée par plusieurs événements à Villeurbanne, du 20 au 26 novembre. Nous voulions valoriser cette date, qui est une date militante, en proposant notre support aux différentes associations féministes. Même si la ville œuvre au quotidien pour la prise en charge des victimes, et la prévention des violences, l’objectif n’est pas de récupérer ce combat des associations, mais de soutenir leur lutte.
- Nous allons quand même organiser une soirée au CCVA le 20 novembre, une conférence qui s’intitule « Lutter contre les violences sexuelles et discriminatoires dans les événements culturels et festifs », portée par la ville aux côtés des acteurs culturels du territoire ;
- Vous pourrez auprès des associations entendre des paroles de professionnelles mardi 21 novembre après-midi, avec VIFFIL ;
- Une conférence-débat avec le Medipôle Hôpital Mutualiste sur la prise en charge multidisciplinaire des violences faites aux femmes le mardi 21 ;
- Une rencontre avec l’association Impact le mercredi 22 après-midi ;
- Un spectacle avec Filactions mercredi soir 22 ;
- Une balade urbaine « Où sont les femmes ? » avec Filactions le dimanche 26.
Vous pourrez retrouver l’ensemble des événements en ligne sur le site de Viva. J’espère vous y retrouver nombreuses et nombreux vu l’importance du sujet.