Par Agathe FORT
Présentation de la délibération
Ce contrat local de santé est un document qui définit toutes les actions en santé publique sur le territoire, avec nos partenaires signataires mais aussi toutes les associations du territoire, les habitants et les habitantes. Ce contrat local de santé aura une durée de 5 ans. C’est le maximum possible pour ce type de contrat, car c’est selon moi le temps de la santé publique, pour mettre en place des actions, mais aussi les évaluer.
On parle dans ce document de santé au sens de l’Organisation Mondiale de la Santé, c’est-à-dire un état complet de bien-être physique, mental et social, et qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. L’objectif principal de ce contrat est la réduction des inégalités en santé. C’est un document qui va permettre l’articulation et l’animation des actions en santé sur l’ensemble du territoire Villeurbannais.
Alors nous avons souhaité que ce document prenne en compte nos priorités politiques, et donc pour commencer la transition égalité, c’est-à-dire la lutte contre les inégalités et les discriminations. Comme je vous le disais, c’est l’objectif principal du contrat. Pour ce faire, on va mobiliser le principe d’universalisme proportionné, c’est-à-dire qu’on mêle des actions universelles et des actions ciblées, ce qui va permettre de n’oublier personne en route dans ces politiques de santé. Nous aurons aussi dans les cinq années à venir un projet de lutte contre les discriminations en santé. Et puis, pour lutter contre ces inégalités et discriminations, nous porterons un regard particulier sur la santé des femmes. Les stéréotypes de genre, les maladies sous-diagnostiquées chez les femmes, le déficit de recherche médicale sur les problématiques de santé spécifiques des femmes, comme par exemple l’endométriose, nous montre qu’elles ont des besoins spécifiques que nous prendrons en compte lors de ces cinq prochaines années sur notre territoire.
Notre deuxième priorité municipale est la transition démocratique. Ce contrat s’est construit autour d’un diagnostic territorial qui a été poussé, et qui allie des données quantitatives mais également qualitatives. Elles ont été recueillies auprès des professionnels de santé, du social et du médico-social, mais aussi auprès d’habitants et d’habitantes qui ont apporté des connaissances précieuses, et qui ont participé à définir les priorités de ce contrat. Cette participation se poursuivra tout au long du contrat. Nous avons acté une gouvernance renforcée avec les partenaires signataires, les professionnels, les associations, les habitants et habitantes, qui se réuniront régulièrement pour suivre les actions de ce contrat et les réorienter si nécessaire tout au long de ces cinq années. Cette transition démocratique se traduira aussi par une ouverture à la recherche scientifique comme terrain d’expérimentation, comme de recherche, d’évaluation de nos actions, car il y a de nouveaux concepts en santé publique qui vont être apportés pendant ce contrat. Et donc, nous avons besoin des chercheurs et des chercheuses à nos côtés pour aller regarder de plus près ce que nous allons mettre en place.
Ce qui me fait parler de la transition écologique, et donc ce nouveau concept en santé publique, le concept de « One health », une seule santé, qui part du principe que la santé humaine, la santé animale et la santé planétaire sont interdépendantes. Et qu’il nous faut prendre en compte ces trois santés de façon transdisciplinaire et à toutes les échelles. Ce concept est assez nouveau en santé publique, et nous avons le défit de rendre ce concept opérationnel dans les politiques publiques municipales. C’est pour ça que je vous disais que nous allons avoir un contrat qui sera façonnable tout au long des cinq ans pour pouvoir répondre au plus juste aux défis qui vont arriver.
Alors nous travaillons également dans une approche globale de la santé, c’est-à-dire que nous travaillerons sur l’ensemble des déterminants de santé. Les déterminants de santé peuvent être individuels, c’est le comportement, les habitudes de vie. Ils peuvent être liés au milieu de vie, comme l’hébergement, le milieu de travail, la communauté, le voisinage. Mais ces déterminants peuvent être liés également au système, comme le système de santé, le système scolaire, l’aménagement du territoire.
Donc la santé ne se joue pas que dans les comportements individuels. La santé est notre bien individuel et collectif le plus précieux. « La santé avant tout », se souhaite-t-on à la nouvelle année. Donc il est nécessaire de travailler sur l’ensemble des déterminants de santé, et que la santé soit notre boussole pour l’ensemble des décisions collectives. Donc nous avons souhaité dans ce contrat que la santé publique soit travaillée de façon transversale, par l’ensemble de l’exécutif municipal, et l’ensemble des services de la ville.
Enfin, pour vous donner les grands principes de ce Contrat local de santé, nous avons fait le choix de ne pas faire un axe spécifique sur la santé mentale. Tout comme la santé somatique, c’est-à-dire à la santé corporelle, ce qui l’améliore, ce qui la détériore, ce qui la protège, se cache dans l’ensemble des lieux que nous traversons, dans l’ensemble de nos interactions sociales. C’est pourquoi la santé mentale sera prise en compte dans l’ensemble des actions de ce Contrat local de santé. Cela permettra, je l’espère, de lutter contre la stigmatisation encore très forte concernant les aspects psychiques de la santé.
Je remercie l’ensemble des participants et participantes au diagnostic, qui ont fait un travail formidable ; l’ensemble de nos partenaires pour leur engagement à nos côtés ; et le travail d’une qualité remarquable des agents et agentes de la ville, et plus particulièrement l’équipe de la direction de la santé publique pour tout ce travail autour de ce Contrat local de santé qui est ambitieux, et qui j’espère va donner de bonnes choses sur notre territoire et faire honneur à notre tradition en santé villeurbannaise.
Prise de parole après les interventions
Je vais répondre sur la pénurie de médecins et de dentistes, qui est une pénurie organisée depuis des décennies avec le numerus clausus, qu’on appelle maintenant numerus apertus. Bon, c’est toujours quand même extrêmement limité. Et cette pénurie, on le sait, elle va encore évoluer jusqu’en minium 2030. Nous n’avons aucune action ; à Villeurbanne, il est impossible d’amener des médecins quand ils sont libres de s’installer où ils veulent. Beaucoup de professions para-médicales, par exemple les masseurs-kinésithérapeutes dont je fais partie, ont une gestion territorialisée de leur droit à l’installation. Ça n’est toujours pas fait auprès des médecins et on vient faire reporter les responsabilités sur les communes. Je crois qu’il est temps pour notre gouvernement de prendre des mesures nécessaires.
Quant à la santé des femmes. Moi, je pense qu’aucune santé ne devrait devoir reposer sur les associations. La santé, c’est l’État qui devrait s’en occuper. C’est un bien public. Ça ne doit pas être pris en charge par des bénévoles qui viennent pallier les défaillances de la recherche, les manques de moyens dans la recherche. C’est l’État, c’est la recherche, c’est les médecins qui devraient s’occuper de ça, et l’égalité en santé devrait être normalisée. Ce n’est pas les associations qui devraient compenser des problèmes d’inégalités.
La santé c’est un bien public et ces politiques, elles devraient être pensées selon les besoins de la population et pas selon les pauvres moyens qu’on veut bien lui allouer. Elle ne doit pas être un bien à vendre. Pas non plus un enjeu lucratif. Les inégalités en santé, bien que vous [l’opposition, ndVIE!] n’ayez pas l’air d’en avoir conscience, sont en train de se creuser. De nombreuses personnes n’ont plus accès à des médecins traitants, comme vous le disiez, ou renoncent à des soins qui deviennent trop coûteux. La situation se dégrade avec la crise énergétique et économique intense que nous traversons.
Alors, est-ce qu’on veut un système de santé à l’américaine, et dans lequel on va devoir cumuler trois emplois pour pouvoir payer ses médicaments ? Est-ce que c’est ça qu’on veut ? Moi je pense que l’industrie pharmaceutique se porte à merveille.
La France est très en retard sur la prévention par rapport à de nombreux pays occidentaux. Alors jusqu’à quand les villes vont-elles devoir pallier les défaillances étatiques ? Les choix au plus haut niveau de l’État montrent bien l’importance accordée à la santé des français et françaises. Cette importance est à la hauteur de l’état de nos services d’urgence, de la reconnaissance des métiers du soin et du lien, ou de l’urgence écologique qui menace la vie humaine. C’est-à-dire, une importance bien secondaire face aux enjeux financiers ou à l’armement.
Alors Villeurbanne s’engage. Au maximum de ce qu’elle peut, au maximum de ses moyens et de ses compétences. Mais je pense qu’il est urgent que la santé redevienne une priorité nationale.