Par Mathieu GARABEDIAN
Je veux tout d’abord saluer l’énorme travail produit par l’Assemblée citoyenne. Le document est bien construit, très agréable à lire, et montre les nombreuses pistes encore à creuser. Nous sommes très fiers de constater par l’exemple que la participation de nos concitoyens et concitoyennes à la fabrique directe de propositions de politiques publiques fait partie intégrante de la démocratie locale.
Ensuite, nous ne pouvions pas lire ce rapport sans y voir une justification aux combats qui sont à la base de nos engagements et de nos luttes politiques.
Prenons déjà le cas des livreurs car il reflète parfaitement des réalités de notre société et du monde du travail actuel : des personnes sans-papiers sont instrumentalisées par les grandes plateformes pour faire un travail que peu de personnes acceptent. Parce qu’on leur refuse la régularisation, elles sont obligées de se tourner vers un travail souvent dangereux, précaire et pour lequel elles ne sont pas couvertes par notre protection sociale. Mais c’est également le cas pour toutes les personnes discriminées à l’embauche, obligées de se tourner vers ces plateformes quand plus aucune proposition ne leur est faite.
Évidemment, il serait dangereux et illusoire de penser que ces plateformes permettent de traiter ces sujets.
En effet, elles ne peuvent, en aucun cas, être la réponse aux questions d’accès à l’emploi, quand les conditions de travail qu’elles proposent sont aussi mauvaises, ou encore à la lutte contre les discriminations, car ces plateformes ne transforment en aucun cas le système qui les causent.
La synthèse « avantages et inconvénients » du rapport, rédigée du point de vue du consommateur est aussi très révélatrice. Un seul avantage transparait vraiment dans le document, celui de l’acheteur qui peut profiter d’un service rapide et facile. Un deuxième avantage se dessine peut-être, celui pour les plateformes qui enregistrent des chiffres d’affaire à plusieurs milliards d’euros chaque année.
Pour nous évidemment, les dangers relevés par l’Assemblée citoyenne sont beaucoup plus grands : dérèglementation du travail, mise en danger du commerce de proximité, remise au secteur privé du soin aux personnes en manque d’autonomie, rupture des liens sociaux et promotion d’une société de plus en plus individualiste…
Beaucoup des solutions que propose l’Assemblée citoyenne dépendent de la loi et nous ne pouvons pas les appliquer directement, mais certaines font écho à des mesures locales qui nous intéressent, comme la citoyenneté locale ou encore le développement de cuisines solidaires.
Notre groupe est prêt à poursuivre ce travail et à explorer les pistes proposées par l’Assemblée citoyenne. Car pendant que nous débattons, le gouvernement, lui tarde à sortir le décret censé permettre de réguler ces commerces.
Peut-être, faut-il voir un possible lien entre la timidité du gouvernement à réguler, et les révélations des Uberfiles, sorties cet été et bien vite évacuées, qui ont montré les rendez-vous réguliers d’Emmanuel Macron avec ces grandes plateformes pour faciliter leur implantation en France.