Par Julien RAVELLO
En 1856, les Charpennes de Villeurbanne ont été rayées de la carte par la crue du Rhône et les destructions occasionnées par l’inondation. C’est au cours des décennies suivantes que le fleuve a été endigué et que les quais ont été construits. C’est ce contrôle du Rhône qui nous permet désormais de construire et de bétonner sans nous soucier des inondations.
Pourtant, il y a un revers à la médaille : avec l’endiguement du fleuve, on a vu disparaître beaucoup de zones humides et la biodiversité qui va avec. Sans prendre le chemin contraire de celui emprunté il y a de cela plus d’un siècle, on revient aujourd’hui sur le tout béton, et l’on sait qu’il faut laisser davantage sa place à l’eau en ville.
Dans le contexte du réchauffement climatique, l’eau est plus que jamais une ressource à préserver.
Nous sommes déjà en état de sécheresse et il fait déjà trop chaud par rapport aux moyennes de saison. En 2021, l’ONU alertait, je cite : « la sécheresse est sur le point de devenir la prochaine pandémie et il n’existe aucun vaccin pour la guérir ». Pour se donner une idée de ce qui peut nous attendre, dans le pire scénario estimé par le GIEC si nous n’agissons pas, il y aura 33 jours de canicule à Lyon en 2050, et 134 jours en 2100, c’est-à-dire un climat équivalent à celui d’Alger.
L’eau est un bien commun essentiel à toute vie sur Terre. Si les nappes phréatiques se remplissent, ce sont nos fonctions vitales premières que nous assurons, mais aussi celles des autres espèces. Il faut donc enlever le béton, créer une “ville éponge” pour laisser l’eau s’infiltrer dans les sols et planter dès maintenant pour augmenter l’ombre et rafraîchir les villes.
Comme l’explicite la convention, gérer les eaux pluviales à la source, au plus près de l’endroit où elle tombe, offre de nombreux avantages parmi lesquels :
– un cycle de l’eau plus naturel et un meilleur rechargement des nappes ;
– une réduction du risque inondation ;
– une réduction des pollutions des milieux en améliorant les performances des stations de traitement ;
– une réduction des îlots de chaleur urbains.
C’est aussi à la quantité et à la qualité de l’eau que nous devons faire attention. La qualité, en réduisant nos pollutions pour qu’elles ne se retrouvent pas dans ces nappes souterraines. Je pense par exemple aux pesticides et autres intrants agricoles chimiques, comme le glyphosate, que monsieur Macron a d’ailleurs renoncé à interdire. Généraliser l’agroécologie et l’agriculture biologique nous permettrait de disposer d’une eau plus pure, notamment dans les zones de captage d’eau potable. La quantité, en préservant les stocks naturels qui viendront à nous manquer. Ici, je pense aux réserves glacières, aux nappes souterraines, dont certaines sont dramatiquement menacées à très court terme par des projets inutiles et imposés comme le Lyon-Turin par exemple ou par l’irrigation de l’agriculture intensive.
Nous avons commencé à rendre la pluie à nos sols dans les cours d’école villeurbannaises et c’est l’objet de la délibération nous demandant d’approuver le contrat avec l’Agence de l’Eau Rhône Méditerannée Corse. C’est un bon commencement, il faut le poursuivre, et surtout l’intensifier partout, et le travail avec les bailleurs et les copropriétés privées est aussi essentiel que les actions menées sur les espaces publics.
La place des collectivités, et plus largement du secteur public, dans les changements écologiques est primordiale. Sans nous, ce sera business as usual, et on sait que système capitaliste et écologie ne font pas bon ménage. Nous attendons donc avec impatience la subvention de l’Agence de l’Eau pour pouvoir agir encore plus largement à Villeurbanne.
Nous voterons pour cette délibération.