Par Morgane GUILLAS
Concernant ce dossier sur les déchets, nous souhaitons aborder la question du compostage comme sujet à venir. Comme dans le 7e arrondissement de Lyon, des bornes vont arriver à Villeurbanne pour massifier le compostage des déchets organiques. Faire du compostage une pratique pour tout le monde, qui soit simplifiée, c’est bien sûr très positif, mais nous devons aussi être vigilants au modèle que ces bornes véhiculent. Avec elles, on reste dans une logique industrielle de gestion du déchet : transport par camion, montées en température des déchets pour accélérer la décomposition, consommation d’électricité et d’eau pour les nettoyages et la transformation industrielle de nos déchets…
Il existe déjà des composteurs de quartier et d’immeubles, plus soutenables socialement et écologiquement ainsi que des lombricomposteurs. Leur philosophie est très différente puisqu’il s’agit autant de composter sur place que de créer du lien social et de sortir les déchets de leur gestion industrialisée. Ils permettent de favoriser la nature en ville via la distribution du compost entre les habitants, pour leurs balcons ou leurs jardins. L’implantation des bornes à compost ne doit pas se faire à leur détriment qui doit continuer à se développer lui aussi. C’est via ces solutions multiples et complémentaires de collecte et de traitement de nos déchets que nous serons plus résilients sur notre territoire à venir. Ainsi qu’en les combinant à la réduction de ces déchets, en effet.
Mais diminuer la production de ces déchets ne peut pas seulement être un acte individuel. Culpabiliser le citoyen pour qu’il réduise et trie ses déchets alors que l’organisation de la production et de la consommation est faite pour cela, détourne le problème des vrais enjeux.
Nous devons réfléchir dès l’amont et se poser la question de l’utilité sociale des produits. Nous devons gouverner par les besoins pour diminuer notre empreinte écologique et notamment l’empreinte matière.
Après cela, la réflexion sur le type de matériaux utilisé, sur une production low-tech, sur la réparation et le recyclage des produits doit se faire dès la fabrication. C’est l’éco-conception : réfléchir dès la conception du produit aux impacts sur l’air, l’eau, les sols, la biodiversité. L’extraction des matières premières et son élimination, en passant par sa fabrication et ses différents usages.
Nous devons remettre en cause l’organisation territoriale qui rend la voiture indispensable, l’obsolescence programmée, la publicité qui crée des faux besoins. Rompre avec le productivisme permet de combattre fortement les consommations superflues, excessives et polluantes et donc de réduire nos déchets à la source.