Par Julien RAVELLO
Nous soutenons cette subvention à la Mission locale pour l’intégration d’un poste de travailleur social. Un poste de plus, ce sont des dizaines de jeunes aidés pour s’insérer. Ce sont eux qui ont le plus de mal à trouver du travail : je rappelle que 19% des 15-24 ans sont au chômage dans notre pays.
Ce constat fait consensus : la jeunesse a besoin d’aide. Mais de quelle aide a-t-elle besoin ?
Nous sommes prévenus.
31 décembre 2021, Emmanuel Macron disait je cite : « Les devoirs valent avant les droits »
29 janvier 2022, Gabriel Attal, je cite de nouveau : « On veut aussi poursuivre la redéfinition de notre contrat social, avec des devoirs qui passent avant les droits, du respect de l’autorité aux prestations sociales »
Le contrat d’engagement jeune vient d’être mis en place pour les 16 à 25 ans. En contrepartie d’une formation de 15 à 20 heures par semaine, ils sont tenus d’accepter (je vais encore citer, là cette fois-ci le décret) : « un parcours intensif avec une mise en activité systématique, soutenue et régulière […] visant à orienter le jeune vers l’emploi ou l’alternance le plus rapidement possible ». En cas d’absence, ils s’exposent à une réduction voire à une suppression de l’allocation de, tenez-vous bien, 497.50 € par mois. Un pognon de dingue auraient dit certains, mais une somme plus de deux fois inférieure au seuil de pauvreté. Pour 20 heures par semaine, cela revient à être payé 6 € de l’heure.
Ce dispositif n’est que le prémices de ce que prévoit le Président Macron 2 s’il est réélu. Laurent Wauquiez l’a proposé, lui va l’appliquer : une obligation de travail de 15 à 20 heures par semaine en contrepartie du RSA. Rétropédalage cependant il y a quelques jours : précisant qu’il n’était pas pour l’esclavagisme – nous voilà rassurés ! –, le président-candidat a ajouté que ces heures de travail seraient rémunérés au moins au SMIC. À quand un énième rétro-rétropédalage ?
Cinq ans de stigmatisation, cinq années de flexibilisation. Il est grand temps de remettre les pendules à l’heure : tout être humain à des droits avant d’avoir des devoirs. Il faut décorréler les prestations sociales de l’accompagnement : c’est la seule façon de permettre au maximum de personnes d’en bénéficier. Plutôt que de mettre des bâtons dans les roues des plus pauvres, il faut lutter contre le non-recours aux aides et développer l’emploi, notamment avec la transition écologique.