Par Mathieu GARABEDIAN
Quelques chiffres pour commencer. En France, 12.1 millions de personnes connaissent des difficultés à se loger. Pour les 10 % les plus pauvres, le logement absorbe plus de la moitié de leurs revenus. Et aujourd’hui, le parc social existant ne permet plus de répondre aux besoins de ces ménages. Dans la métropole de Lyon, il y a 10 demandes pour 1 logement disponible.
A l’échelle nationale, la situation n’a fait que s’empirer : le président Macron a diminué les aides à la construction et au logement de plusieurs milliards, et a imposé aux bailleurs sociaux de compenser cette suppression sur leurs fonds propres. Les loyers du privé continuent d’exploser, et les mesures d’encadrement proposées aux collectivités ne sont pas suffisamment contraignantes puisqu’il faudrait encadrer à la baisse.
Nous vivons également l’explosion des prix des terrains dans les centres villes, comme ici dans notre métropole. Les classes populaires et moyennes sont chassées du cœur des agglomérations mais continuent à devoir s’y rendre pour travailler.
Pour construire du logement abordable, c’est donc la question de la gestion publique du foncier qu’il nous faut repenser. Et l’Office foncier solidaire présenté aujourd’hui, est un outil au service de cette politique.
Pour les habitants d’abord : l’immobilier dans notre agglomération est devenu si cher qu’il est pratiquement impossible pour des revenus modestes ou moyens d’y accéder. Le bail réel solidaire permet en dissociant le foncier du bâti de baisser significativement le prix du logement.
Pour la collectivité, ensuite. Car sur un temps plus long, la propriété publique du foncier permet d’éviter qu’il soit géré par les lois du marché et lutte contre la spéculation foncière, véritable fléau qui fait exploser les prix au détriment du bien commun. De plus, en socialisant les sols, on maîtrise leur valeur foncière mais aussi leur évolution au service si nous le souhaitons d’une véritable politique d’aménagement durable : répondant aux besoins tout en limitant l’artificialisation des sols.
Bien sûr, un office foncier solidaire n’est qu’un outil et s’inscrit en complémentarité du développement du parc social qui reste avant tout la solution pour répondre au mal logement et au sans-abrisme. Les subventions directes de l’État pour le financer ont été divisées par 6 depuis 1999, alors que 2 millions de personnes en France sont actuellement en attente d’un logement social ! Cette situation ne peut plus durer : il faut que l’État mette les moyens pour que les bailleurs sociaux et les collectivités territoriales puissent créer du logement à la hauteur des besoins.