Par Olivier Glück
Je ne vais pas revenir sur le constat qui a été très bien dressé par madame Martineau. Donc effectivement, de grosses difficultés de recrutement, avec 18 postes vacants en équivalent temps plein sur les structures municipales. Et donc, nous voilà contraints de prendre des mesures de restriction du service public municipal, et cela contre notre volonté, contre celle des personnels de la petite enfance qui animent les structures de la ville, et bien évidemment contre celle des usagers, les enfants et leurs parents.
Nous avons une double problématique, c’est celle du maintien du service public, mais cela sans dégrader les conditions de travail des personnels. Cela se traduit par l’accueil des enfants en respectant les obligations en termes d’encadrement, mais aussi en évitant l’épuisement des équipes, en s’adaptant à la situation sanitaire et à la gestion complexe du quotidien. Et au-delà des taux d’encadrement il s’agit de maintenir une haute qualité d’accueil en adéquation avec la vision du service public portée par les personnels et par la ville, de maintenir le sens de leur mission et donc de leur travail. J’en profite, comme l’a fait également Cristina Martineau, pour remercier très sincèrement tous les personnels de la petite enfance de la ville, qui œuvrent chaque jour dans des conditions difficiles depuis plusieurs mois. Leur travail et leur capacité d’adaptation à ce contexte doivent être soulignés, et il l’est par tous les parents des enfants accueillis dans nos structures, comme cela a été dit ces dernières semaines lors des rencontres avec les parents.
Alors que faire ? Il y a évidemment des mesures d’urgence. La délibération qui est présentée ce soir en fait partie. Des mesures d’urgence qui consistent donc à s’adapter, mais en regardant sur un temps qui va jusqu’à l’été. S’adapter, en essayant de stabiliser au maximum les conditions d’accueil, et donc à ne pas réagir chaque jour et chaque semaine aux problématiques du manque de personnel.
Sur le temps long – et là, je vais le dire à l’intervenante précédente – on a des actions qui sont engagées depuis plusieurs mois, et même dans le précédent mandat, qui visent effectivement à travailler sur des mesures d’attractivité. On a un plan d’action, dit « RH » (ressources humaines) dans la direction de la petite enfance qui est engagé et qui nécessite du temps long. C’est un sujet complexe, avec un travail à la fois sur les conditions de travail des agents, sur l’attractivité. Et là, on pourrait en parler pendant des heures : qu’est-ce que c’est que l’attractivité dans la fonction publique territoriale, mais aussi dans des secteurs particuliers comme l’est la petite enfance ? Et également avec l’accompagnement des directions, des structures ; la lutte contre l’absentéisme, qui est un sujet important dans ces métiers-là qui sont très féminins et avec des problématiques liées à la santé, puisqu’il y a des problématiques liées au fait qu’il faut porter les enfants, etc, qui sont très spécifiques à ce secteur. Et également l’optimisation des procédures de recrutement sur lesquelles nous avons travaillé.
Mais tout cela ne suffit pas, tout cela ne suffit pas parce qu’effectivement, il y a des problématiques qui ne dépendent pas de nous, qui sont liées à la fois au niveau régional, vous l’avez cité quand vous avez parlé du manque de places dans les centres de formation. Et ça c’est financé par la région, donc ce n’est pas là une question de faire de la politique politicienne. C’est simplement qu’une place en centre de formation, ça coûte 6 000€, et que nous manquons de places. Je peux vous citer la directrice générale de l’un des plus importants organismes de formation dans le secteur de la petite enfance en région Auvergne-Rhône-Alpes, qui dit qu’à Lyon, dans son école, elle reçoit plus de 500 demandes pour 80 places, pour le cursus « éducatrice de jeunes enfants », et elle reçoit plus de 1 000 demandes pour 90 places pour les auxiliaires de puériculture. Donc il y a des candidats, mais les places ne sont pas suffisantes. Et si on ramène à la compétence de la région, si on compare la place qui coûte environ 6 000 € par an dans un de ces centres de formation, à celle de l’accueil d’un lycéen qui est aussi une compétence de la région, 11 000€ par an, on se demande pourquoi la région ne finance pas un nombre plus important de places. C’est donc bien là un choix politique et un choix budgétaire au niveau de la région qui est en cause.
Maintenant, simplement sur le niveau national, on a vu les dégâts qu’a fait, au niveau des EHPAD et de l’accueil des aînés, le fait de confier au secteur privé l’accueil des personnes âgées. Eh bien on pourrait faire le parallèle avec la petite enfance. Il s’agit pas là de faire soit la DSP, soit la régie municipale, ce n’est pas ça le sujet. Le sujet, c’est le fait qu’il y a des structures qui se font de l’argent sur le dos des aînés et des enfants. Et donc au niveau national les mesures d’attractivité sont aussi nécessaires. Ça passe par le point d’indice quand on parle de la fonction publique territoriale, revaloriser les rémunérations et donc le point d’indice, et ça passe aussi par des mesures qui consistent à éviter que des gens se fassent de l’argent sur le dos des enfants et des personnes âgées.