Par Julien Ravello
Vu la magnifique représentation de l’organiste au démarrage de ce conseil municipal, je ne vais pas vous faire l’offense de chanter. Mais en1972, Claude François chantait “le lundi au soleil” et la dure reprise du travail, au lendemain du seul jour de repos obligatoire de la semaine. En 2021, devrons-nous vous chanter “le dimanche au soleil” ?
Nous sommes opposés au travail le dimanche et je vais vous en expliquer les raisons. Ceci dit et avant cela, je tiens tout de même à dire que nous soutenons les petits commerçants, restaurateurs, artisans qui subissent les conséquences de la crise sanitaire en ce moment. Mais nous pensons que d’autres mesures d’aides seraient plus efficaces.
Depuis le début des années 2000, les gouvernements successifs n’ont fait que libéraliser toujours plus l’économie et déréguler les temps de la vie. Le dernier recul en date est un arrêté publié par Mme l’ex-ministre Pénicaud en avril 2020 qui, prenant comme justification la crise sanitaire actuelle, a autorisé les entreprises de logistique à faire travailler leurs salariés le dimanche. Mais la loi qui nous intéresse ce soir est celle portée par M. Macron en 2015 autorisant les maires à permettre l’ouverture de certains commerces et ce jusqu’à 12 dimanches dans l’année. Pour un salarié, que signifie concrètement travailler un dimanche sur 4 ? La confusion est de plus en plus grande entre les périodes de travail, de consommation, de repos, les moments où l’on voit sa famille, ses amis -où l’on prend le temps de vivre. Une étude de l’INSEE pointait d’ailleurs la perte de sociabilité et posait la question des autres effets à plus long terme du travail dominical, avec de possibles conséquences sur le lien familial pour les personnes travaillant le dimanche.
L’ouverture le dimanche doit rester exceptionnelle, et liée à des prises en charge urgentes ou vitales. Les êtres humains ne sont pas des homo economicus ; nous aspirons à autre chose qu’à la consommation outrancière. Les liens sociaux créés durant les temps de repos sont bien plus précieux que tous les kilos de vêtements qui pourraient être achetés le dimanche, le plus fréquemment dans des grandes enseignes qui, en plus, pratiquent souvent l’évasion fiscale. Enfin, j’ajoute que pour les 10 millions de français en situation de pauvreté, le souci n’est pas de savoir s’ils pourront faire du shopping le dimanche !
Par ailleurs, le travail du dimanche est la plupart du temps contraint pour les salarié·es, contrairement à ce que j’ai pu entendre juste avant. Le rapport de force entre employeur et travailleurs est toujours en défaveur de ces derniers, qui craignent d’être mal vus de leur patron s’ils refusent le travail dominical. Les faibles salaires des personnels, qui sont souvent des femmes, les poussent à accepter un supplément de revenu au détriment de leur vie personnelle. Et sans que ce ne soit profitable pour les commerces ! Car ceux qui achètent le dimanche sont les mêmes consommateurs que ceux du samedi ou du mercredi, et ne reçoivent pas de chèque miraculeux pour consommer un peu plus le dimanche. Non; ces consommateurs se contentent de lisser leurs achats sur la semaine, ce qui ne change pas vraiment le chiffre d’affaire final du magasin dans lequel ils auront fait leurs emplettes.
Après Claude François, un autre François pour terminer, Ruffin cette fois-ci, qui disait : “Le bonheur n’est plus dans les biens, mais dans les liens !” Pour toutes ces raisons le groupe Villeurbanne Insoumise Ensemble ! votera contre cette délibération.