Par Morgane GUILLAS
Présentation de la délibération
Je souhaite vous présenter rapidement ce rapport qui aide un projet d’agriculture urbaine d’envergure à se déployer sur notre ville.
L’alimentation est un sujet qui touche tout le monde, tous les villeurbannais et villeurbannaises, habitants, habitantes, habiteuses et habiteurs, qui participe à notre bonne santé quand on voit la part des maladies mondiales en lien avec l’alimentation.
Différents groupes des Nations Unies, membres de la Coalition d’action pour une alimentation saine ont fait remarquer que plus de trois milliards de personnes n’ont pas les moyens d’avoir une alimentation saine et que les mauvaises habitudes alimentaires sont liées à six des dix principaux facteurs de risque de la charge mondiale de morbidité. On voit donc la grande importance de ce sujet.
L’agriculture urbaine permet en effet de faire des liens avec l’alimentation et la production. Elle permet aussi de faire des liens entre les agriculteurs et les consommateurs. Elle permet une alimentation qui est locale et durable, de la sensibilisation, de la pédagogie, de l’écologie et d’augmenter aussi le pouvoir d’achat.
Le projet d’agriculture urbaine de l’Îlot vert à Saint-Jean déménage suite au passage du tramway T9. Cette contrainte est devenue une belle opportunité avec l’agrandissement de la surface dédiée à ce projet pour les cultures, le développement de nouvelles facettes pour toujours augmenter les surfaces de productions, les liens avec le quartier, l’ancrage qu’il peut avoir.
Je citerai par exemple l’organisation d’ateliers de sensibilisation en lien avec l’agriculture et l’alimentation locale ; la vente de fruits et légumes bio à des tarifs raisonnés sur place, l’ouverture du lieu pour des habitants et des associations du quartier pour permettre d’avoir plus de salles et de lieux où pour réunir, ou encore la création de plusieurs emplois locaux et non délocalisables via Territoire zéro chômeurs longue durée et son entreprise Emerjean.
Je suis heureuse que la ville soutienne le développement de ce projet et son déménagement qui n’est pas simple à organiser mais qui permettra une mise en production dès le printemps prochain et une ouverture au public à l’été 2025. Les équipes du côté du Booster sont mobilisées et très engagées sur ce projet, je les remercie encore tout comme les services côté ville qui suivent le projet. Merci à tous pour ce travail et la qualité de ce travail. L’ANRU, qui est un des trois partenaires publics à financer ce projet suite à l’appel à projet Quartiers Fertiles avec la Métropole de Lyon et Villeurbanne, est passée leur rendre visite il y a quelques temps et a souligné également l’engagement de l’équipe au vu de la complexité du projet et de ses enjeux forts qui sont portés. Quand on sait le nombre de projets d’agriculture urbaine qu’ils soutiennent, c’est une vraie fierté d’avoir leurs félicitations pour les équipes.
J’espère que vous voterez cette subvention et me tiens à disposition s’il y a des questions.
Prise de parole après les interventions
Sur les questions par rapport au niveau de production et à la quantité de légumes produits, oui je partage que sur la phase d’expérimentation, dans un sol pollué, avec des contraintes uniquement en hors-sol, la production a été relativement faible. C’est bien l’objectif avec ce déménagement de s’en saisir comme d’une opportunité puisqu’en plus d’augmenter drastiquement les surfaces, il y aura aussi de la pleine terre, et en fait quasiment que de la pleine terre, ce qui va permettre de pouvoir avoir une quantité beaucoup plus grande de produits qui vont sortir et pousser. C’est bien l’objectif.
La pollution est un vrai enjeu en ville et elle contraint beaucoup les projets d’agriculture urbaine. On sait que sur ce déménagement ça a été l’un de nos points de grande vigilance. C’est pour ça que le projet a pris autant de temps, parce qu’il aurait dû déménager sur un autre espace qui, lui, était trop pollué pour permettre ce genre de plantations à visée comestible. C’est vraiment une grande vigilance de notre part, et le fait de pouvoir augmenter la quantité de production l’est également.
En ce qui concerne l’empreinte carbone du projet et du déménagement, je crois qu’en termes d’exemplarité, sur ce projet d’agriculture urbaine, on peut difficilement faire mieux. On passe d’une rue à une autre, il y a vraiment un pâté de maisons entre les deux. En plus de ça, ce sont des serres qui sont réemployées, réutilisées, et là qui sont de nouveau réutilisées. On réutilise aussi la salle avec un équipement qui était sur l’espace juste en face de la mairie des Gratte-Ciel, « Le Pays », qui est en bois-terre-paille et qui permet d’accueillir les locaux de ce projet L’Îlot Vert et la future salle d’activités pour les associations et les acteurs du quartier, parce qu’elle sera mise à disposition et ouverte.
Je tiens à porter une vigilance aussi sur l’agriculture urbaine de manière générale. Quand on regarde des rapports génériques, qu’ils soient nationaux ou mondiaux, et qu’on fait des moyennes, il y a des types d’agricultures urbaines qui sont vraiment très très différentes. Je parle d’agriculture urbaine « tech », qui sont ultra consommatrices en bilan carbone et par contre qui vont être aussi des projets qui seront locaux. Nous avons fait le choix à Villeurbanne de ne pas du tout soutenir ce type d’agriculture là et de se concentrer sur des agricultures urbaines en lien avec ce qu’on pourrait qualifier d’agroécologie. En tout cas pas de sur-technique qui ferait qu’on contrôle la lumière, on contrôle l’arrosage, on contrôle la qualité du sol via un substrat et rien de vivant à part ce qui essaye de pousser résulte de ce type d’agriculture là. Et donc je pense que les effets de bords peuvent être très grands quand on fait des moyennes qui comparent des projets d’agriculture urbaine technophiles et des projets d’agriculture urbaine, on pourrait dire, plus low-tech comme celui de l’Îlot Vert qui sont tout ce qu’il y a de plus naturel et écologique dans le cycle et le respect qu’il y a de la plante.