Dans notre société urbanisée où l’anonymat règne et où le contrôle technologique s’accroît, il n’est pas étonnant qu’à la peur de l’autre, on oppose la réponse technique de la vidéosurveillance. Son objectif premier est de lutter contre les pratiques de délinquance. Mais est-elle la meilleure solution pour cela ?
La Cour des comptes estime en 2008 que les caméras de vidéosurveillance ne sont décisives pour élucider les faits de délinquance que dans 3% des cas. Elles ne sont efficaces qu’à certaines conditions : les délits ne doivent pas pouvoir être délocalisés, ils seront sinon réalisés ailleurs, et la chaîne judiciaire doit fonctionner correctement, car si la police ne réclame pas les images, elles seront très souvent inutilisées.
L’implantation de ces caméras en dit beaucoup sur les comportements admis dans un espace et ceux qui semblent indésirables. Les gestionnaires des centres ne peuvent pas visualiser toutes les images en même temps. Il leur faut donc choisir des espaces particuliers à surveiller en fonction de leur niveau de « risque ». Ce sont eux qui doivent apprécier si un comportement est ou non « à risque », c’est-à-dire en-dehors des codes de la société. Plus que des actes jugés déviants, ce sont donc les comportements perçus comme insécurisants qui sont observés, comme par exemple des attroupements de jeunes. Comment ne pas craindre que les caméras n’augmentent les discriminations dont sont victimes les personnes qui ne suivent pas les normes sociales implicites dominantes ?
La vidéosurveillance constitue une réponse technologique simple(-iste) au problème complexe de l’insécurité, dont les véritables origine ne sont pas traitées. Les populations qu’elle cible sont souvent celles qui sont marginalisées dans notre société, celles qui vivent dans les quartiers populaires. Pourtant, le malaise social dépend de trois processus que la vidéosurveillance ne résout pas : chômage d’exclusion, crise du logement social, et discriminations croissantes.
La vidéosurveillance ne traite peut être pas la cause, mais est bien utile pour les conséquences.
Elle a un effet dissuasif et préventif même lors des dégradations de caméras indiquant qu’elles sont gênantes ou qu’un “événement” se prépare.
Quand au fait qu’elles ne peuvent pas être toutes regardées en direct elles résolvent pas mal de délits à posteriori à l’aide des enregistrements.
Les choses ont bien évoluées depuis 2008