Par Morgane GUILLAS
En augmentant de près de 15% notre budget, nous faisons honneur à notre mission de service public.
Alors que les prix de l’alimentation ont augmenté de 12% en un an et que ceux de l’électricité, sans bouclier tarifaire, seraient multipliés par 3, nous choisissons de continuer à investir pour mieux protéger et améliorer les conditions de vie des villeurbannais et villeurbannaises. Malgré ce contexte, nous créons 55 nouveaux postes qui nous aideront à mettre en œuvre ces politiques publiques. Car c’est une véritable transformation de Villeurbanne que nous souhaitons : gérer la ville n’est pas suffisant, il faut la guider !
Nous investissons donc dans le présent et pour l’avenir.
D’abord, nous investissons dans l’adaptation et la lutte contre le changement climatique. Nous créons des espaces verts, naturels et publics, comme le futur parc sur le site actuel de l’ACI. Nous enlevons le bitume qui se transforme en radiateur pendant les canicules, pour baisser les températures et faire en sorte que l’eau vienne directement abreuver la végétation qui elle-même nous rafraichira.
Nous investissons dans les économies d’énergie, en travaillant dans un premier temps sur le plus simple et le plus rapide à réaliser, c’est-à-dire les habitudes de consommation énergétique. Parallèlement, nous continuons de lancer des études et des travaux pour la rénovation énergétique des bâtiments municipaux.
Nous investissons dans la solidarité, en programmant la création de la Maison de l’égalité et des droits, pour lutter contre les discriminations et offrir un lieu de ressources commun où se croiseront compétences et associations. Nous poursuivons l’investissement dans le tiers-lieu alimentaire à Raphaël de Barros, pour que plus personne n’ait faim à Villeurbanne.
Nous investissons dans la petite enfance et dans l’éducation, en anticipant la construction de la future école Grandclément, en finançant des travaux dans tous les groupes scolaires, ou encore en mettant plus de moyens pour revaloriser les salaires des postes d’animateurs.
Et nous investissons aussi pour donner un peu plus de pouvoir direct aux villeurbannais et villeurbannaises, grâce à la troisième édition du budget participatif et au travail continu de l’Assemblée citoyenne, comme nous avons pu le voir précédemment.
Pourtant, tous nos investissements se réalisent dans un contexte toujours plus difficile. L’étau financier dans lequel l’État nous enferme est de plus en plus étroit et nous rend chaque année plus dépendants de ses compensations. Ces dernières années, nous avons vu disparaître la taxe d’habitation. Elle est compensée à la fois par la métropole et par l’État, avec un mécanisme qui rend encore plus complexe la compréhension des finances locales. Jamais avare d’idées pour assécher les comptes des collectivités territoriales, le président a aussi décidé la suppression de la CVAE qui rapportait pourtant 18 milliards d’euros à l’échelle nationale.
On passe d’ailleurs d’une fiscalité liée au territoire, avec des contributions payées par les entreprises et les habitants d’une commune pour les investissements de cette même commune, à une fiscalité liée à la consommation. Car c’est avec la TVA que l’État entend compenser ces suppressions d’impôt. C’est donc le consommateur qui finance les investissements publics, et on sait que c’est l’impôt le plus injuste socialement parlant. Où est la place du citoyen dans ce dispositif ? Comment peut-on prôner la sobriété avec ces réflexions ?
La facture est salée pour l’État. En compensant ce manque à gagner aux collectivités, il augmente son déficit de 25 milliards d’euros annuels et organise sa propre disette financière, pour mieux justifier les mesures d’austérité à venir. Nous sommes entraînés malgré nous dans cette cure d’austérité. Heureusement que le Sénat a rejeté en début de mois le pacte de confiance que madame Borne voulait nous imposer par un énième 49.3, et qui nous aurait encore plus forcés à nous restreindre dans nos investissements. Et aujourd’hui, c’est une dixième 49.3 qui est malheureusement passé. On pourrait parler de carton plein, mais un carton plein qui piétine notre démocratie ! Le gouvernement garde un cap de réduction du déficit national qui retombera très certainement, même si ce n’est pas ce que je souhaite, dans les années à venir sur les collectivités.
Comme je le signalais, nous sommes pourtant dans un contexte d’augmentation historique des coûts de l’énergie que la ville subit aussi comme tous les habitants et toutes les entreprises. Nos dépenses liées aux fluides ont augmenté de presque 40% en un an, dont plus de la moitié est liée à celles de l’électricité et du gaz. Et ces dépenses devraient encore augmenter de 50% en 2023 !
Nous, élus comme les militants que vous avez pu croiser en rentrant dans la salle du conseil, continuons donc de sonner l’alerte. L’État donne toujours plus de responsabilités aux communes mais en se désengageant de ses compétences. Il baisse leurs moyens et les marges de manœuvre que nous avons. Le résultat, c’est que nous avons de plus en plus de politiques publiques à mener, alors même qu’on nous retire les moyens financiers pour les réaliser. C’est une véritable asphyxie des services publics qui s’organise par le gouvernement. Alors que la libre administration des collectivités est constitutionnelle, dans les faits, c’est ce principe même qui est mis en danger.