Par Agathe FORT
« La Nation garantit l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à l’instruction […]. L’organisation de l’enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l’Etat. » Cette promesse, c’est celle du préambule de la Constitution de 1946. Pourtant en 2015, et cela n’a fait qu’augmenter depuis, les familles des écoliers dépensaient en moyenne 580€ par an dans l’éducation de leur enfant, et le premier poste de dépense est la cantine.
Tous les ans, nous votons cette remise gracieuse des frais de cantine. Mais combien de démarches les familles auront-elles eu à réaliser avant que nous n’annulions leur dette ? Combien de semaines auront-elles passé à angoisser, à se demander comment elles pourront payer la nourriture de leur enfant ? Faut-il que nous ajoutions à leur détresse financière la violence de se voir offrir la charité ?
Pour lutter contre les inégalités et respecter la dignité humaine, nous devons changer complètement de logique. Être éduqué et manger font partie des droits humains fondamentaux, qui devraient être accessibles à tous sans conditions. Plutôt que de faire se sentir coupables des enfants qui savent que leur famille ne pourra pas payer le repas qu’ils sont en train de manger, nous devrions instaurer une gratuité, dans un premier temps pour tous les démunis. Au lieu de tarifs solidaires, qui rappellent toujours les pauvres à leur pauvreté, la gratuité simplifierait les processus administratifs pour eux comme pour la mairie, éviterait le non recours, et soulagerait les familles comme les enfants.
En attendant de pouvoir financer la gratuité des services publics et une meilleure répartition des richesses par la cotisation sociale, nous pouvons déjà agir localement. À la ville, nous pouvons d’ores et déjà revoir la grille tarifaire de façon à ce que la répartition des frais liés à la cantine soit mieux faite entre les familles. De cette façon, le tarif d’urgence pourra être transformé en gratuité. En se basant sur le quotient familial, comme nous le faisons déjà, chacun paiera (ou ne paiera pas) sa juste part, équitablement. C’est une question de dignité humaine.