Par Morgane Guillas
La Caisse d’allocations familiales change son mode de calcul et donc ses financements aux structures sociales, et les premiers échos que nous en avons nous alarment.
L’enveloppe globale sera désormais répartie sur davantage d’organismes. On ne peut que se satisfaire de l’élargissement des aides de l’État, mais pas à enveloppe constante comme c’est le cas ici : les aides vont mécaniquement diminuer pour les structures qui en bénéficiaient déjà auparavant.
Ce n’est pas le seul changement que nous avons remarqué. En voici quelques autres :
- Pour fixer le montant du financement annuel et pour les 5 années à venir, la CAF va s’appuyer sur une année de référence qui n’est pas encore connue. Les centres sociaux avec lesquels nous avons eu des contacts sont inquiets de cette mesure car les années 2020 et 2021 ne reflètent pas la réalité de leurs activités et si elles devaient devenir la référence pour le calcul de leurs financements, le montant de leurs aides serait trop faible par rapport à leurs besoins. Pour obtenir une bonne année de référence, les structures devront sans doute optimiser le nombre d’actes, privilégier les adhésions qui “rapportent” (quotient familial élevé, etc). De ce fait les structures vont être en concurrence.
- Deuxième point, jusqu’ici le montant du financement était fixe, il devient désormais un plafond : si les centres sociaux font plus d’activités, ils ne toucheront pas plus d’argent ; en revanche, s’ils en font moins, ils en toucheront moins.
- Et troisième point enfin, les financements sont désormais variables ce qui rajoute de l’incertitude pour les structures sur le devenir de leurs recettes pour l’année suivante.
Encore une fois, l’idéologie de la concurrence, de la performance et de la rentabilité remplace celle de l’entre-aide. Les structures sont désormais mises en concurrence entre elles pour toucher la part la plus large de l’enveloppe. La CAF se désengage du public 12-17 ans et des jeunes majeurs : c’est pourtant la tranche la plus compliquée car à cet âge ils sont prescripteurs de leurs loisirs et sans une offre attrayante (et donc financée) ils désertent les centres sociaux et restent en bas de chez eux. Et on sait ensuite ce que le désœuvrement peut produire.
En conclusion, nous savons que toutes les structures ont besoin d’argent, toutes les tranches d’âge méritent qu’on leur finance des animations. Et plutôt que de contraindre la CAF à organiser la diète financière au sein des organismes sociaux, le gouvernement devrait augmenter les ressources globales pour qu’elles puissent mener correctement leurs missions d’intérêt général.