Par Danielle Carasco
Le 11 janvier 2021, le navire humanitaire Océan Viking de l’association SOS Méditerranée a repris la mer pour mener ses opérations de sauvetage en Méditerranée centrale. C’est la route migratoire la plus meurtrière au monde : 20 000 viesy ont été englouties au cours des 6 dernières années. Le taux de mortalité continue de progresser en 2021.
SOS méditerranée sauve des vies et met un terme à des conditions de vie insupportables, inhumaines. Ce sauvetage est une obligation morale que nous devons soutenir avec fierté.
En 4 ans, 31 799 personnes ont été secourues, d’abord avec l’Aquarius, puis avec Océan Viking. Les passagers et passagères rescapé.e.s des embarcations surchargées, ballotées de gauche et de droite, sont épuisé.e.s au moment du sauvetage, sans eau ni nourriture. Ils et elles sont dans un état de choc, d’autres sont terrassé.es par le froid, tremblent de tout leur corps et claquent des dents.
De plus, des canots pneumatiques sont interceptés par des garde-côtes libyens et renvoyés au point de départ : c’est une pratique du refoulement oh combien condamnable ; c’est une violation des conventions internationales.
Les bateaux de sauvetage sont quelques fois restés bloqués en mer durant 10 jours, sans réponse des autorités italiennes et maltaises.
Le débarquement est soumis à un préambule de discussions entre États, et donc à une attente insupportable sur le navire. Force est de constater que la volonté des États européens n’est pas au rendez-vous. Bien au contraire, dans certains pays, dont le nôtre, des expressions nauséabondes voudraient faire des migrants la cause de tous nos maux. Rappelons qu’on ne quitte jamais son pays de gaité de cœur mais par souci de survie de soi et des siens.
Aujourd’hui la société civile compense l’absence des États européens, et les ONG subissent une certaine criminalisation.
Nous venons de célébrer le centenaire de la naissance de Georges Brassens. Nous aurions aimé que son cimetière marin reste le petit cimetière de Sète. Aujourd’hui, le plus grand cimetière marin du monde, c’est la Méditerranée !
Villeurbanne fut tout au long du XXe siècle une terre d’accueil, pour les italiens, les espagnols, les arméniens, les maghrébins, les chiliens, et jusque tout récemment les afghans. Il y a 3 ans, une centaine de jeunes africains subsahariens a occupé un ancien centre de formation en lieu et place du nouveau collège Gilbert Chabroux durant 18 mois. Toutes et tous ont aspiré ou aspirent à rester en France, et à travailler, à occuper un logement en toute dignité, à construire une famille…
Nous sommes fiers que notre collectivité territoriale, respectueuse des droits humains et solidaire, s’engage y compris financièrement à côté de celles et ceux qui contribuent à sauver des vies et à rendre l’existence plus belle, y compris en assurant les conditions d’un hébergement digne une fois que les migrants vivent sur notre territoire. À poursuivre, en quelque sorte, l’œuvre de l’auvergnat de Brassens.
Comme l’a dit Guillaume Meurice : « Personne ne cessera de voyager, de fuir la misère, de tomber amoureux, de se métisser. Les dominants et l’extrême-droite vous font croire que le danger c’est le réfugié sans le sou plutôt que le milliardaire qui vous pique du pognon de dingue tous les jours, échappant à l’impôt. Vous y avez cru, ils ont “grand-remplacé” les raisons de votre colère. »