Par Morgane GUILLAS
Ce soir, Monsieur le maire, collègues, habitantes et habitants, alors que nos estomacs vont bientôt gargouiller de faim, je vous propose la recette du « SCOT » sauce agglomération lyonnaise.
Difficulté : très élevée. Temps de préparation : 4 ans. Temps de cuisson : 20 ans. Nombre de convives : 1,48 million.
• Étape 1 : Remédier à la crise du logement
Commencer par mobiliser tout le parc, en réglementant et en taxant sérieusement les meublés de tourisme et les résidences secondaires. A Villeurbanne, on estime entre 2 100 et 2 400 le nombre d’Airbnb et à plus de 3 000 les résidences secondaires. C’est donc près de 6 000 logements dont nous sommes collectivement privé·es.
Ensuite, socialiser le foncier et l’immobilier, en créant un tiers de logements sociaux, 15 000 logements BRS et des baux emphytéotiques.
Lutter contre la vacance, notamment spéculative avec des mesures incitatives. La cerise sur le gâteau aurait été d’ajouter des mesures contraignantes, comme la réquisition ou la taxation des plue-values, mais c’est à négocier avec l’Etat.
Faire enfin baisser les prix du logement. On regrettera que l’encadrement des loyers ne soit pas mentionné, comme le permis de louer et l’encadrement des prix de l’immobilier et du foncier à la baisse, ou le rachat par les pouvoirs publics des logements en DPE F et G.
• Étape 2 : Limiter et s’adapter au bouleversement climatique, protéger la biodiversité
Continuer de battre… en brèche la dépendance aux énergies fossiles et au tout-voiture. Donc développer un RER lyonnais, des transports en commun, des pistes cyclables et du co-voiturage. Pour donner plus de saveur au plat, on aurait ajouté du transport à la demande et, surtout, l’amplification de l’auto-partage. On aurait aussi réprouvé l’usage de l’avion à l’aérodrome de Bron ou à l’aéroport Saint-Exupéry.
Veiller aussi à protéger et développer les espaces naturels. Les humains dépendent des autres espèces végétales et animales pour vivre. On ajoutera donc 10 à 12 m² d’espace vert par habitant, de la pleine terre, la restauration du cycle de l’eau, de la renaturation.
On fera enfin attention à anticiper les crises. La Métropole de Lyon est l’un des endroits qui se réchauffe le plus vite en France avec +4 degrés prévus d’ici 2100. Les inondations de Valence et de Givors en 2024 nous montrent que les catastrophes naturelles peuvent arriver très vite. Il faut donc prévenir ces inondations, mais aussi le manque d’eau, tout en sécurisant l’alimentation de nos villes. Sur ce point, on trouve que le SCOT manque clairement d’assaisonnement : où parle-t-on des risques de rupture en approvisionnement ? Notamment numérique, en électricité (c’est arrivé à l’Espagne cette année), en carburant ou en nourriture, etc.
J’en termine avec cette recette incomplète comme toute bonne recette qui se doit. Chacune et chacun pourra assaisonner à sa guise en rajoutant les ingrédients qui lui plaisent dans l’enquête publique du SEPAL, jusqu’au 24 octobre. Bon appétit !
