Par Mathieu GARABEDIAN
C’est un rapport sur les orientations du site d’hospitalité Le Château. Le Château est un des premiers projets d’ampleur de notre politique d’hospitalité et de lutte contre le sans-abrisme que nous avons mené au début de ce mandat. C’est pour nous un projet un peu particulier. Je regarde aussi mon collègue Antoine PELCE avec qui nous avons beaucoup travaillé sur le sujet.
C’est un des projets où nous avons aussi mis en place notre logique d’occupation temporaire du patrimoine vacant, du patrimoine municipal. C’est une ancienne résidence autonomie EHPAD, la résidence Château-Gaillard qui avait déménagé, ce qui permettait de proposer un nouveau projet sur ce site, qui a permis d’héberger deux cent personnes dans un moment où le besoin de places d’hébergement d’urgence est plus que jamais criant.
C’est un projet qui nous également permis de travailler ce que nous pourrions appeler de la coopération inter-associative. Nous avons mené ce projet avec Est Métropole Habitat et le GIE La Ville Autrement, qui portait l’organisation et le projet en tant que tels, mais avec l’association Alynéa, Forum Réfugiés, avec Accoléa. Nous avions le club ASVEL VBF féminin qui était également de la partie puisque déjà présent sur le site.
Nous avions l’envie que ce soit un lieu où il y ait plusieurs associations pour aussi leur permettre de travailler ensemble et essayer de générer des synergies, notamment de leurs équipes de travail social, au service des personnes qui habiteraient sur le lieu.
Nous avions également une autre exigence qui était de construire selon le choix des personnes qui allaient arriver sur le Château, dans logique que nous avions appelée « le droit à l’habiter ». Je vais peut-être encore me faire critiquer pour parler d’habiteurs et d’habiteuses, mais en tout cas nous avions la notion de dépasser même la question du droit au logement, qui est évidemment un droit fondamental, mais de le dépasser vers la question de l’habiter. C’est-à-dire, ne pas seulement proposer des espaces privatifs avec cuisine, chambre, salle d’eau, mais également des espaces partagés, des salles d’activités, un salon de coiffure. Nous avions même émis la possibilité d’avoir des chambres d’amis pour que les personnes des centres d’hébergement puissent inviter des gens sur le site et être fiers de pouvoir accueillir des gens là où ils habitaient.
Nous avons le restaurant Chez Maguy, qui étaient historiquement dans le quartier et qui a aussi trouvé place au sein du projet pour essayer de le connecter avec son environnement immédiat. Et puis, au cours du projet, en discutant avec Alynéa, nous avons même eu l’ouverture d’un espace parental « Les petits gaillards » qui a permis de travailler d’autres politiques publiques sur la petite enfance, les questions de parentalité.
C’était tout ça le projet. Nous n’avions pas tout en tête initialement, mais en tout cas c’est comme ça que nous avions imaginé conduire et construire en marchant ce projet. Évidemment ce n’est pas le projet parfait, on sait que nous sommes sur des bâtiments très vieillissants avec des besoins de travaux assez lourds sur le bâti. Il y a toujours des choses à améliorer sur l’articulation avec les personnes qui sont présentes sur le site, entre les financeurs, que ce soit la Métropole ou l’Etat.
En tout cas, c’est une occupation temporaire qui aujourd’hui, avec la présentation de ce rapport, devient une opération d’urbanisme préfigurateur puisque l’enjeu est bien de poursuivre l’esprit du projet tel qu’on l’a mené ces dernières années, mais aussi de lui trouver un modèle économique qui puisse durer dans le temps et qui puisse permettre de fixer ces orientations dans la durée.
Le rapport vous présente ces quelques orientations. Nous avons réfléchi à une programmation qui vous est également présentée et qui permet de combiner à la fois de l’habitat libre pour assurer le modèle économique, mais aussi l’installation d’un centre provisoire d’hébergement qui serait porté par Forum Réfugié qui était déjà présent sur le site. Une pension de famille de 30 logements qui, elle, n’existait pas et qui arriverait sur le Château, et puis un centre d’hébergement d’urgence et de réinsertion sociale qui permettrait de maintenir l’offre qui était présente sur ce site.
Le projet continue d’ici l’installation de ce nouveau projet, qui est renforcé depuis un peu moins d’un an par une nouvelle animatrice-coordinatrice qui continue à faire vivre l’animation sociale sur le site.
Pour une mini parenthèse, parce qu’on se permet des petites parenthèses depuis le début du conseil municipal. On est en train de subir une canicule impressionnante en France et dans tout le sud de l’Europe. Évidemment, sur les questions de logement on sait qu’elles sont dramatiques pour toutes les personnes qui vivent dans ce qu’on appelle les « bouilloires thermiques ». C’est entre 4 000 et 5 000 personnes qui meurent de ces causes chaque année.
Pour les personnes à la rue, on parle souvent du froid et de l’hiver pour les personnes qui sont sans-abris, mais malheureusement l’été est tout aussi mortel avec des risques de déshydratation ou d’hyper-thermie. Nous pensons à toutes ces personnes qui vivent ces situations qui sont intolérables.
Housing Europe et des maires de toute l’Europe ont proposé un plan à 300 milliards d’euros, et avec 100 milliards d’investissement on réussirait à traiter une grande partie du logement abordable et décent en Europe. 100 milliards sur toute l’Europe, quand aujourd’hui on nous parle d’augmentation des budgets de la défense en France, sur l’armement, de la même somme. Voilà ce qui pourrait nous permettre de résoudre la question qu’on aime à répéter souvent : un toit, c’est un droit.