Par Olivier GLÜCK
Présentation de la délibération
Sur la délibération qui concerne le régime indemnitaire, c’est quelque chose qui est très important et très attendu par l’ensemble du personnel municipal. Pour rappel, le régime indemnitaire est la part variable du salaire des agent.es qui est décidée par la ville, l’autre partie étant le traitement indiciaire fixé par les grilles salariales de la fonction publique territoriale. Cette part variable du salaire sur laquelle nous délibérons aujourd’hui représente 15 à 20% du salaire.
Nous vous proposons à travers cette délibération de l’augmenter de manière très significative puisque cette part du salaire augmenterait de près de 20% suite à la délibération d’aujourd’hui, pour une enveloppe totale de 2 millions d’euros, si on considère les personnels de la ville, du CCAS et de l’École Nationale de Musique. Cela est équivalent à une hausse du point d’indice proche de 2,5%.
Il s’agit donc d’une décision politique extrêmement forte et cela d’autant plus dans le contexte budgétaire actuel qu’il soit national ou local et que nous avons évoqué tout à l’heure.
Et cela d’autant plus que depuis le début du mandat nous avons déjà mis en œuvre deux hausses successives du point d’indice, 5% en tout, ainsi que des revalorisations catégorielles nécessaires en particulier dans les domaines de la petite enfance, de la police municipale ou de la santé avec les primes Ségur et Grand âge dans la filière médico-sociale.
Alors pourquoi ce choix politique important ? Pour répondre à plusieurs enjeux : pouvoir d’achat, attractivité, et des questions d’égalité.
Sur le pouvoir d’achat, dans un contexte inflationniste très important, nous savons toutes et tous que les fins de mois sont de plus en plus difficiles pour les bas salaires qui sont de plus en plus nombreux, y compris dans la fonction publique. Dans la fonction publique, le nombre de salariés qui ont un salaire compris entre le SMIC et le SMIC + 10% est proche de 30% aujourd’hui alors qu’il était inférieur à 15% en 1981.
C’est pourquoi nous proposons un salaire socle, c’est-à-dire un minimum garanti pour chaque agent de la collectivité à hauteur de 2 050 euros bruts par mois, soit 1 632 euros nets par mois pour un agent à temps plein. Cela fait écho à la proposition du Nouveau Front Populaire lors des dernières élections législatives d’un salaire minimum à 1600 euros nets par mois. Cette mesure concerne plus de la moitié des personnels.
L’attractivité : nous avons toujours des problèmes de recrutement sur des métiers en tension toujours dans le domaine de la petite enfance, de la police municipale, dans le médico-social mais aussi l’animation et certains métiers techniques.
Nous proposons de nouvelles mesures catégorielles ainsi qu’une prime annuelle complémentaire pour tous les agent.es.
Des questions d’égalité : nous parlons ici à la fois de l’égalité entre filières et de l’égalité entre femmes et hommes. Les mesures que je viens d’évoquer permettent de réduire des inégalités qui existaient entre certains métiers tout en favorisant des filières fortement féminisées. Ainsi, c’est plus de 72% de l’enveloppe globale qui est à destination du personnel féminin alors qu’il représente 68% des effectifs.
Voilà les choix que nous portons : des mesures d’attractivité, d’égalité avec des hausses de salaires conséquentes pour l’ensemble des personnels mais d’autant plus pour les bas salaires.
Prise de parole après les interventions
Merci, je vais essayer d’apporter quelques réponses. Tout d’abord je voudrais réagir, Madame Butet,sur le début de votre intervention concernant le dénigrement permanent des fonctionnaires. Depuis plusieurs années on fait face à cela. Et avec le temps qui passe, ce discours comme celui sur l’immigration est de plus en plus dur et de moins en moins mesuré avec des conséquences qui vont jusqu’à mettre en péril nos services publics et les agent·es publics eux-même. Les récentes déclarations sur ce sujet de Monsieur Sarkozy ancien président de la République ou de monsieur Kasbarian, ministre démissionnaire de la fonction publique, sont affligeantes et surtout irresponsables. Et pourtant, les services publics sont l’un des socles fondamentaux de notre République. Et pourtant les françaises et les français les plébiscitent régulièrement. Alors disons-le haut et fort, soyons fiers de nos services publics.
Concernant la question de la mise en œuvre du complément indemnitaire annuel, vous l’avez évoquée dans vos deux interventions Madame Butet et Madame Roger-Seppi. Je vais essayer de vous répondre à toutes les deux avec des différences, je vois, de point de vue notoires. Je le dis clairement : le choix qui a été fait dans la collectivité et dans le cadre des discussions que nous avons eues depuis plusieurs mois avec différentes instances de la collectivité, et pas seulement les organisations syndicales. Le choix a été fait de ne pas mettre en œuvre une forme de prime au mérite. Pourquoi ? Et d’abord pour quel objectif ?
Là où ça s’est fait, vous évoquez certains cas mais, les retours que j’ai ne sont pas forcément positifs. Si l’objectif était une meilleure productivité des salarié·es, je vous le dit clairement, cela ne fonctionne pas. Contrairement à tout ce qui se dit dans les sphères dominantes, nous sommes l’un des pays où la productivité horaire des salarié·es est la plus forte. Comment croire qu’une cravache ou une carotte de quelques centaines d’euros serait bénéfique pour motiver les salarié·es à travailler plus ou mieux. Là aussi des études montrent au contraire que le fait d’instaurer de la concurrence entre salarié·es à la main de l’encadrant peut avoir des conséquences extrêmement négatives sur le collectif de travail. Préférons la collaboration à la concurrence et la compétition. Rappelons aussi que la manière de servir est déjà prise en compte pour les avancements des carrières.
Je voudrais enfin profiter de cette occasion pour évoquer un sujet connexe qui figurait dans le projet de loi de finance de la sécurité sociale qui fort heureusement a été censuré avec le gouvernement Barnier. Il s’agit du passage de un à trois jours de carence pour les fonctionnaires mais aussi d’un salaire à 90% au lieu de 100% en cas d’arrêt maladie. Là aussi, quel est l’objectif ?
Faut-il rappeler que les microbes et les virus n’ont pas de frontières ?
Est-ce que l’objectif est que les agent·es viennent travailler en étant malade dans nos crèches, dans les écoles, dans les EHPAD, dans les services d’accueil à la population… ? Est-ce que l’objectif est de créer encore plus d’absentéisme en permettant aux virus de se déployer davantage ? Tout cela est aberrant.
Les arguments sont les mêmes concernant la suppression de l’aide médicale d’État. Voilà les quelques éléments de réponse que je voulais apporter.