On aurait préféré que la fin de la trêve hivernale au premier avril soit une farce.
Dans le Rhône, 14 000 personnes seraient sans-abri. Le manque de logements et d’hébergements d’urgence couplé à une augmentation de 44% des loyers du privé en 10 ans ne font qu’aggraver la situation. Pour les 10% plus pauvres, se loger représente la moitié de leur revenu ! L’inflation générale, mais aussi la loi Kasbarian-Bergé qui organise les mises à la rue, font craindre à l’association Abbé Pierre l’expulsion de 140 000 personnes en 2024. Celles-ci ont pourtant déjà augmenté de 52% en 10 ans !
S’il faut construire, il faut surtout faire en sorte que les logements déjà existants soient habités par celles et ceux qui en ont le plus besoin. A Villeurbanne, plus de 3 000 logements étaient des résidences secondaires en 2020, 660 sont vacants depuis plus de deux ans, et plusieurs dizaines sont accaparés pour du logement touristique type Airbnb.
Il est possible d’agir localement. Depuis plus de deux ans, Villeurbanne est concernée par l’encadrement de loyers, qui les empêche de dépasser un certain plafond, sans pour autant permettre leur diminution. Les locataires peuvent néanmoins s’en saisir pour signaler les propriétaires abusifs. En accord avec la Métropole, nous pourrions aussi mettre en place un permis de louer comme cela est actuellement expérimenté à Saint-Priest, ainsi qu’un permis de diviser, pour empêcher le morcellement de grands appartements en plus petits. Comme nous l’avons fait dans l’ex-CCO, il nous faut aussi imaginer de nouveaux dispositifs d’hébergement d’urgence, en nous conventionnant avec des associations et des propriétaires privés.
Nous aurions cependant beaucoup plus de marge de manœuvre si nous avions le soutien de l’État. Plutôt que d’expulser des personnes, celui-ci devrait réquisitionner dès que possible. C’est ce qu’a proposé le député François Piquemal : donner ce droit aux maires et élargir son application. Affaire à suivre à l’Assemblée Nationale !