Par Julien RAVELLO
« Entre ces 2 polos, vous prendriez lequel vous? Honnêtement? Aucun des 2. Mais, c’est à moins 70%, franchement pour un vendeur, vous n’êtes pas… Ah non pas du tout, moi je suis “dévendeur” et je vous conseille le -100% ! Il y a un -100% ? Ben oui, le vôtre, il est très bien. N’hésitez pas, si vous avez besoin que je vous déconseille d’autres achats, ça soulagera les ressources de la planète. »
Monsieur le Maire, chers collègues, villeurbannaises et villeurbannais, ceci est un extrait de la prodigieuse campagne de l’ADEME (l’Agence pour la Transition Écologique) juste avant le Black Friday de cette année. Campagne qui a été qualifiée de « maladroite » par Bruno Lemaire et pour laquelle l’Alliance du Commerce et la CPME ont fait pression pour exiger son retrait… heureusement sans succès.
Ce soir, on nous propose de voter pour permettre aux commerces d’ouvrir 9 dimanches en 2024. Comme depuis le début du mandat, les groupes Communistes et Républicains et Villeurbanne Insoumise Ensemble! voteront contre cette délibération. Comme je l’évoquais ici-même le 17 décembre 2021, nous sommes toujours opposé·e·s au travail le dimanche et défendons la spécificité du repos dominical pour les mêmes raisons : confusion entre la vie privée et celle au travail, perte de sociabilité, promotion de la société de consommation, augmentation du temps de travail, contrainte faite aux salarié·e·s, fable de l’augmentation du chiffre d’affaires, etcétéra. Nous vivons la fin de l’abondance, les fins de mois difficiles et la fin du rêve d’une croissance éternelle.
Nous avions demandé à retravailler la question pour faire diminuer le nombre de dimanche accordés, mais aucune baisse depuis 2021. Les commerces de plus de 400 m² se voient toujours accorder 6 dimanches cette année. En ont-ils vraiment besoin ? Alexandre Bompard, PDG de Carrefour vous dira que oui, puisque sa rémunération a augmenté de 26% en 6 ans : 9,2 millions d’euros, 300 fois le salaire moyen du groupe et dans le même temps, près de 10 000 personnes ont été licenciées. Les salarié·es du groupe Casino sont en train de subir le même sort malheureusement.
Enfin nous apprenons que la Préfecture déroge à la délibération que nous sommes en train de voter. Notre assemblée délibérative ne sert finalement pas à grand-chose sur ce sujet. En effet, l’État peut nous imposer le nombre de dimanche à ouvrir et va à l’encontre de notre vote. Il l’a fait en autorisant des dimanches supplémentaires en 2021 et 2023. Je pose donc la question : à quoi cela sert-il de voter cette délibération ? Finalement, si notre mandat d’élu·es municipaux est de toute façon ignoré par la Préfecture, pourquoi ne propose-t-on pas une réduction drastique qui ferait peut-être consensus dans la majorité ?