Par Danielle CARASCO
Faut-il raser les logements sociaux et les reconstruire ? Ou bien faire des travaux pour les réhabiliter ? Dans le logement social, c’est souvent la question qui se pose dès qu’on veut améliorer les bâtiments où vivent les locataires.
C’est un secret de polichinelle : on sait que l’Etat préfère la première option. Démolir et reconstruire, c’est moins cher et moins complexe que de réparer. Pourtant, faire des travaux a plusieurs avantages que la démolition n’a pas : cela répond parfois aux demandes des habitants et habitantes qui ne veulent pas quitter un logement qu’ils aiment. Cela évite aussi la création de déchets issus du bâtiment. Selon l’ADEME, la construction d’un bâtiment neuf nécessite 80 fois plus de quantité de matériaux que sa réhabilitation.
Nous sommes donc satisfaits qu’à Villeurbanne, le nombre de réhabilitations soit plus de deux fois supérieur à celui des rénovations, et que tout l’offre démolie soit recréée, même si ce n’est pas dans le quartier des Buers.
La priorité, ce doit être de répondre aux besoins des habitants. La démolition ne devrait jamais être une façon de se débarrasser de leurs demandes en services publics ou en travaux d’isolation. Au-delà du logement, les quartiers d’habitat social doivent bénéficier, comme les autres, des services publics et commerces de proximité qui rendent la vie plus agréable et facile.
Les démolitions ne doivent pas non plus empêcher les locataires du parc social de rester dans leur quartier, si c’est ce qu’ils souhaitent. On ne doit pas les forcer, parce que leur logement a été détruit, à en choisir un autre dans un endroit qu’ils n’apprécieraient pas. Un déménagement contraint défait les solidarités entre voisins, le sentiment de faire partie d’une grande famille, qui va se trouver disloquée avec la fin des moments partagés.
Bref, la démolition doit être la solution de dernier recours.
Au contraire, les opérations que nous menons avec l’Etat sont des opportunités pour reloger ces ménages selon leurs souhaits. Ceux et celles qui voudraient rester dans leur quartier doivent le pouvoir ; et ceux et celles qui veulent le quitter peuvent utiliser le NPNRU comme une opportunité pour le faire.
Un dernier mot sur les risques de ces projets. La répartition des personnes dans différents quartiers, sous prétexte de mixité sociale et de rupture avec la “ghettoïsation”, ne doit pas se faire qu’au bénéfice des couches moyennes. Nous ne devons pas encourager la gentrification au détriment du maintien des délogés dans leur quartier.
Malheureusement, nous constatons souvent que la mixité sociale est imposée dans les quartiers populaires alors que la bourgeoisie résiste toujours à cette mixité dans les beaux quartiers. C’est pourtant l’amélioration des conditions de vie et de socialisation des habitants des milieux défavorisés que nous devons poser comme une priorité.
Nous voterons pour cette délibération, je vous remercie.