Par Olivier GLÜCK
A bien des titres, 2022 a été une année unique pour Villeurbanne. Elle nous a fait entrer dans le concret de notre plan de mandat, a vu la réalisation de Capitale française de la culture, tout en laissant place aux imprévus de la crise covid, de la flambée des prix de l’énergie et plus généralement de l’inflation. Nous voyons tout cela dans ce bilan des dépenses et des recettes de la ville.
Nos dépenses de fonctionnement et surtout d’investissement augmentent plus vite que nos recettes, mais cela était prévu dans l’application de notre plan de mandat. Nos dépenses de fonctionnement progressent de 11% et celles d’investissement, de presque 14%. Pour autant, nous restons dans les clous. Malgré le recours aux emprunts pour financer nos politiques d’investissement, la capacité de désendettement de la ville a très peu évolué, passant de 1,41 à 1,81 années de 2021 à 2022.
Grâce à Capitale Française de la culture, comme cela vient d’être présenté, près de 700 événements ont eu lieu, dont plusieurs très importants. Ils ont embarqué un public large et diversifié, plusieurs centaines de milliers de personnes, beaucoup de jeunes et sur tout notre territoire. Tout cela représente une dépense de 8 millions d’euros environ pour la ville mais cette dépense, excepté les minimixes, est exceptionnelle. Surtout, Capitale française de la culture aura été un formidable accélérateur de nos politiques artistiques, culturelles et de jeunesse en lien avec les transitions que nous portons dans notre plan de mandat. Cet effet d’entraînement va se poursuivre.
2022 marque aussi le début d’une inflation très importante. D’après nos calculs, nous supportons une hausse des coûts de près de 1,5 millions d’euros. Cela est lié pour plus de la moitié à l’augmentation des prix de l’énergie, à hauteur de 973 000€ ; mais aussi à celle des intérêts de notre dette, de l’alimentation, de l’eau, des impressions papier ou encore de la documentation. Le plan de sobriété de la ville a été efficace, grâce à la participation active de tous les agents et agentes, et des usagers qui ont pu accepter par exemple des baisses de températures cet hiver, dans le respect de la réglementation, mais il n’est pas suffisant pour contenir l’augmentation qui ne concerne pas toutes les ressources énergétiques : par exemple si notre diminution de consommation de gaz est significative, elle ne compense pas les coûts de consommation liés à l’électricité. Nous bénéficions pour le moment d’un bouclier tarifaire très partiel sur l’électricité et dont la durabilité n’est pas acquise. Nous réaffirmons que la spéculation énergétique ne peut se faire ni sur le dos des particuliers ni sur celui des collectivités et qu’il y a nécessité de taxer les superprofits des grands groupes du secteur, en particulier pour financer la transition énergétique.
Pour revenir sur nos investissements, les dépenses qui y sont liées augmentent de près d’un quart par rapport à 2021. Cette nette progression montre que les projets lancés ces dernières années commencent à se réaliser concrètement. 67% de ces dépenses sont en effet des travaux, contre environ 5% pour des études. Nous investissons principalement dans les prérogatives et compétences de la ville, en services nécessaires à la population.
En premier lieu dans le scolaire, avec plus de 15 millions d’euros dans des constructions de groupes scolaires (comme Simone Veil), des extensions (comme Ernest Renan Sud), des rénovations thermiques (par exemple à Louis Armand) et d’autres types de rénovations ou d’améliorations des locaux. Nous avons aussi lancé des études pour les futures rénovations et constructions, ou encore la mise en accessibilité universelle des Groupes Scolaires Lazare Goujon et René Descartes.
Le deuxième poste de dépense concerne nos réserves foncières, en répondant au manque dont nous souffrons. Nous anticipons ainsi nos futures politiques publiques, estimons des besoins sur le moyen et le long terme, et répondons à la tendance haussière du foncier en anticipant nos achats.
Le troisième poste est celui du sport. Là aussi, de nouveaux équipements voient le jour (comme le gymnase Desparmet-Ruello, le complexe sportif de la ZAC de la Soie…), des rénovations se concrétisent aussi avec le centre nautique Etienne Gagnaire, mais aussi divers travaux comme le passage à un éclairage Leds au gymnase Mollier, le chauffage, ou des réfections de toitures. Tous ces investissements contribuent à l’évolution que nous souhaitons donner à la pratique sportive pour l’inscrire dans le champ des trois transitions que nous portons.
Ces politiques volontaristes ne pourraient pas exister sans nos agents et agentes. Elles et ils sont notre force. Nous savons que les politiques que nous menons présentent le risque d’une sursollicitation. C’est pourquoi nous travaillons dans le même temps à l’amélioration de leurs conditions de travail.
En 2022, les dépenses de personnel augmentent de 8%. Deux explications majeures : d’une part, l’augmentation du nombre d’agents et d’agentes et d’autre part, l’augmentation des rémunérations.
Pour rappel, nous avons créé 112 postes en 2022. C’était 95 en 2021, 54 en 2020, soit 261 postes créés en 3 ans. On peut souligner également le développement de l’apprentissage avec 35 postes atteints en 2023 pour un objectif de 50 postes à la fin du mandat.
Ces créations de poste répondent aux 3 objectifs suivants :
- Le premier est bien sûr la mise en place de nouvelles politiques publiques. On peut citer, cette année, la pérennisation des minimixes suite à Capitale française de la culture avec la création de 11 postes. Mais 2022 est aussi l’année de recrutement de compétences nouvelles pour accompagner notre collectivité dans des changements majeurs, notamment les transitions.
- Le deuxième objectif est de continuer à pouvoir assurer un service public de qualité notamment au regard de l’augmentation de la population villeurbannaise et la création de nouveaux équipements municipaux. Nous pouvons citer par exemple l’augmentation du nombre de policiers et policières municipaux avec un objectif maintenu de 75 postes d’ici la fin du mandat.
- Enfin, certains services nécessitent un renfort d’une manière plus générale, pour soulager la charge de travail que portent certains personnels, en particulier les services ressources.
Au-delà des recrutements, c’est aussi la politique de rémunération que nous travaillons.
L’année 2022 a été marquée par l’augmentation nationale du point d’indice de +3,5%. Je rappelle que deux tiers de nos personnels sont de catégorie C avec des revenus modestes qui n’ont presque pas augmenté depuis de nombreuses années. Plus de 70% de nos personnels titulaires perçoivent moins de 25 000 euros bruts annuel, soit moins de 2000 euros bruts chaque mois.
Nous avons bien conscience que l’augmentation du point d’indice reste très insuffisante au regard de l’augmentation du coût de la vie.De mars 2021 à mars 2023, l’inflation a progressé de 18% sur l’alimentation en supermarché, et le taux d’inflation général calculé par l’INSEE en 2022 est de 5.2%. Soulignons que ce taux ne prend pas en compte le coût du logement. Or le taux d’effort des ménages sur ce poste est de plus en plus important, surtout dans les grandes villes comme Villeurbanne. C’est un élément à prendre en compte dans nos recrutements, car des personnes avec de faibles salaires pourraient renoncer à postuler à la ville faute de logement à un prix raisonnable. Et l’éloignement entre la ville et le lieu de résidence des agentes et agents présente de nombreux inconvénients : temps de transport, fatigue mais aussi impact carbone si ces déplacements se font en voiture, ce qui est parfois inévitable. Comme beaucoup d’autres villes en France, nous souffrons d’un problème de recrutement avec 155 postes encore vacants fin mars 2023 soit près de 8% des effectifs, ce qui correspond à la moyenne nationale.
Alors au-delà du point d’indice, nous travaillons sur tous les leviers dont nous disposons :
- Nous favorisons l’évolution des carrières, avec 231 avancements de grade et promotions internes en 2021 et 155 en 2022. Nous prêtons attention à faire progresser particulièrement les carrières et rémunérations des femmes.
- Nous avons procédé à des augmentations importantes du régime indemnitaire depuis le début du mandat, particulièrement sur les métiers en tension comme la police municipale, la petite enfance, les aides à la personne… pour un total de plus de 775 000 euros. Cette part du salaire a elle-aussi été revalorisée à hauteur de 300 000 euros lors de l’augmentation du point d’indice. D’une manière générale, l’augmentation du point d’indice représente 2,6 millions d’euros de dépenses supplémentaires pour la ville.
- Nous continuons le dialogue social pour faire évoluer l’action sociale. Dans le cadre de réunions de travail avec les organisations syndicales mais aussi des rencontres avec les agentes et agents, nous sommes en train d’élaborer un nouveau cadre que nous devrions délibérer au prochain conseil municipal.
- Mais les conditions de travail passent aussi par des locaux adaptés. En plus des investissements évoqués précédemment, nous avons aussi investi plus de trois millions d’euros dans les locaux de la ville pour le confort de travail des agents, agentes, et aussi l’accueil du public, avec par exemple les travaux de rénovation à la MLIS, à l’ENM et au Rize, les aménagements des bureaux à l’Hôtel de ville ou les études sur les travaux pour le CCAS. Nous continuerons en 2023.
Dès 2023, le forfait mobilité durable que nous avons mis en place fin 2021 va s’élargir : il passera de 200 à 300 euros et prendra en compte de nouveaux modes de déplacement. La ville augmente également sa participation à la complémentaire santé et à la prévoyance des personnels de 300 000 euros supplémentaires, avec une majoration pour les familles monoparentales ou avec enfant en situation de handicap. Nous allons aussi investir dans l’action sociale dès 2024 en augmentant de 200 000 euros le budget qui y est consacré, soit près de 40% supplémentaires.
Suite à ce compte administratif 2022, nous maintiendrons ce cap pour 2023. Parce qu’il est soutenable, parce qu’il est la marque de notre volonté de transformation de la ville, parce qu’il indique aussi la trajectoire pour les trois prochaines années, nos groupes voteront bien sûr ce rapport.