Par Morgane GUILLAS
Pour le président Macron et son gouvernement, le système français des retraites par répartition serait au bord du gouffre et nécessiterait un report de l’âge de la retraite à 64 ans avec un allongement accéléré de la durée de cotisation pour assurer sa survie.
Ces mesures sont injustifiées. De nombreux économistes s’élèvent contre les conséquences potentielles des mesures annoncées et dénoncent l’approche gouvernementale d’une situation déficitaire structurelle des caisses de retraites ainsi que les solutions préconisées.
Tout d’abord, cette réforme frapperait de plein fouet l’ensemble des travailleurs et travailleuses, et plus particulièrement ceux qui ont commencé à travailler tôt, dont la pénibilité des métiers n’est plus reconnue et dont l’espérance de vie est inférieure au reste de la population, ainsi que les plus précaires. A Villeurbanne, ce sont plus de 32 000 employés et ouvriers qui souffriraient de l’allongement de la durée de cotisation. Cette réforme impacterait y compris nos agents et agentes, notamment les plus de 1100 agents de catégorie C, qui commencent plus tôt leur carrière. C’est particulièrement vrai dans notre ville, où le nombre de personnes en restriction de tâches ou en temps partiel thérapeutique a fortement augmenté depuis trois ans, notamment chez les plus âgées. Elles seront particulièrement exposées à cette réforme puisqu’elles ne pourront jamais travailler jusqu’à leurs 64 ans. Quel est le sens de faire basculer leurs transferts sociaux des caisses de retraites vers celle de l’assurance maladie ?
Cette réforme aggraverait la précarité de celles et ceux qui sont déjà sans emploi avant leur retraite en allongeant leur temps passé aux minimas sociaux, et renforcerait les inégalités femmes-hommes puisqu’elles connaissent des carrières plus morcelées.
En plus d’être brutale et inique, cette réforme est injustifiée. Le Conseil d’Orientation des Retraites indique qu’il n’y a aucune urgence financière. D’autres solutions existent pour consolider l’assise financière de notre système, comme une remise en cause des baisses d’impôts sur les grandes entreprises, une taxe de 2% sur la fortune des 42 milliardaires français, soit 12 milliards d’euros annuels, comme le préconise Oxfam ; mieux partager la valeur vers le travail plutôt que vers le capital (en augmentant les salaires et non les dividendes) ; augmenter les cotisations patronales ; créer des emplois ; rehausser les salaires des femmes au même niveau que celui des hommes. Toutes ces mesures seraient génératrices de nouvelles cotisations et donc ce nouvelles ressources. À la place, le gouvernement prévoit notamment la participation de la cotisation employeurs des collectivités à hauteur de 500 millions d’euros pour la CNRACL, une nouvelle ponction insupportable dans le budget des collectivités territoriales.
Renforcer notre système de retraites basé sur les principes d’universalité et de solidarité nécessite des mesures de progrès et de partage des richesses. Grâce à lui, l’ensemble de la population a pu voir augmenter son espérance de vie en bonne santé et régresser fortement la misère chez les personnes âgées. C’est ce système de retraites par répartition, qui a fait ses preuves, que nous voulons préserver.
Pour toutes ces raisons, nous, élus du Conseil municipal de Villeurbanne, demandons au gouvernement de retirer son projet de réforme du système des retraites et de chercher des solutions de financement basées sur nos idéaux républicains que sont l’égalité et la fraternité.