« Être gentil avec les gentils et méchant avec les méchants » : voilà le monde schématique où vit notre ministre de l’Intérieur et le résumé qu’il fait de sa loi « Asile et immigration ». Loi bien mal qualifiée : il serait plus juste de la renommer « Expulsions et xénophobie ». Mais qu’attendre d’un homme qui a jugé Marine le Pen « trop molle » ?
La loi instaure une criminalisation inédite des réfugiés. En s’appuyant sur des chiffres mensongers, elle facilite les expulsions en opérant une simplification drastique du droit des étrangers. On connaît la chanson : par simplification, il faut bien sûr entendre moins de protection. Pour pouvoir rester en France, les exilés devront désormais respecter les « principes de la République », notion floue s’il en est, qui permet d’utiliser n’importe quelle excuse pour bafouer leur droit à la protection. Autres critères de rejet : la non-maîtrise du français, ou encore un premier refus d’asile de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides.
Plus grave peut-être, un nouveau titre de séjour sera créé pour que les étrangers travaillent dans les secteurs « en tension ». Mais pour y accéder, il faudra pouvoir justifier d’un CDI et avoir séjourné en France depuis plusieurs mois. Or, on sait que beaucoup des secteurs concernés ne recrutent que par CDD ou intérim. Mais au-delà des considérations pratiques, il est scandaleux de considérer que les personnes étrangères ne seraient présentes que pour travailler dans des secteurs mal rémunérés et aux conditions de travail si difficiles que le patronat peine à recruter. Alors qu’il faudrait donner un titre de séjour pour ensuite organiser l’intégration des réfugiés, c’est tout l’inverse qui est aujourd’hui imposé.
Nous lions cette loi à toutes celles que souhaite faire passer le gouvernement et qui visent à briser les solidarités. Migrations, retraites, RSA : dans leur monde, quelqu’un qui ne travaille pas n’a aucune valeur. Retournons le stigmate : qui sont les réels parasites ?