Par Morgane GUILLAS
Je souhaite faire un focus justement sur le projet du supermarché Demain. 10 à 30 % moins cher que dans un supermarché classique, pour des produits locaux et des producteurs correctement rémunérés. On pourrait ne pas y croire, et pourtant c’est possible. C’est ce que propose la coopérative Demain supermarché, pour laquelle nous votons ces 41 850 € d’aides.
Nous sommes très contents de cette subvention apportée par la ville, d’autant plus que les nouveaux locaux qui vont permettre au supermarché de s’agrandir seront à Villeurbanne, dans l’un des quartiers les plus denses, à Gratte-Ciel, donc pas à Saint-Jean. L’un de nos objectifs est justement de “favoriser l’implantation d’épiceries coopératives et solidaires“, pour encourager les circuits courts à Villeurbanne.
Mais les supermarchés coopératifs, ce sont bien plus que des produits locaux.
Leur modèle s’invente à rebours des commerces classiques pour lesquels le profit monétaire est au moins aussi important que la qualité de ce qui est vendu. Alors que les hypermarchés classiques brutalisent les producteurs en exigeant des baisses de prix pour augmenter leurs propres marges, les modèles coopératifs rémunèrent les producteurs au prix juste. Les clients ne sont plus de simples consommateurs, ce sont aussi les travailleurs ce sont des participants en tant que coopérateurs aux choix faits pour le magasin. En donnant quelques heures de leur temps par mois, ils peuvent non seulement acheter, mais surtout choisir les produits qui se trouveront dans les rayons. C’est un modèle démocratique, participatif, dans lequel on décide réellement ce qu’on consomme.
Et si les tarifs sont inférieurs à ce qu’on voit dans d’autres hypermarchés, vous aurez compris que ce n’est pas en rognant sur la qualité. Ce sont les heures de bénévolat des coopérateurs qui permettent de s’investir pleinement dans le magasin tout en faisant diminuer les prix de vente.
Si on veut que ce type de modèle puisse s’étendre, il faut que les personnes aient du temps à y consacrer. La création et le fonctionnement d’un supermarché comme celui de Demain demandent des centaines d’heures de travail. Dans une société plus coopérative, plus démocratique, cette question du temps est essentielle : comment s’y investir quand on travaille 35, 37, 40 heures par semaine ? Il faut obligatoirement diminuer le temps de travail salarié pour que les gens puissent aussi s’impliquer et construire des modèles de société alternatifs comme celui-ci.
Loin des logiques de profit, nous souhaitons que d’autres magasins comme celui-ci puisse se créer, y compris dans d’autres secteurs comme le bricolage, la logistique de proximité par exemple. Des modèles plus coopératifs, avec des produits de meilleure qualité et plus accessibles pour tout le monde.