Par Agathe FORT
12 millions de précaires énergétiques : c’est presque 1 personne sur 5 qui va grelotter cet hiver. Et même sûrement davantage, avec l’augmentation des prix de l’électricité et du gaz. La crise énergétique s’additionne à une situation déjà catastrophique pour des millions de personnes.
Si nous en sommes là, c’est parce que les investissements qui auraient dû être faits il y a des années sont toujours aux abonnés absents. Ou plutôt, que l’argent mis par l’État pour rénover les bâtiments est insuffisant, et c’est peu de le dire. Voyez par vous-même : en 2021, seuls 2 500 logements ont été rénovés pour ne plus être des passoires thermiques, alors que l’objectif était d’en faire 80 000 ! Heureusement que l’État n’est pas une entreprise. Car avec seulement 3% des objectifs atteints, le peuple aurait été en droit de demander le départ du PDG. Mais comment espérer mieux avec des politiques qui restent uniquement incitatives ?
La quantité d’argent investie est donc largement inférieure à ce qu’il faudrait pour atteindre une rénovation complète de notre parc en 2050. D’ailleurs, l’objectif d’un reste à charge pour les propriétaires à 10% du coût des travaux est lui aussi loin d’être atteint. Pour les ménages très modestes, on est autour de 39 %, et ce chiffre monte à 56 % pour les ménages modestes. C’est bien trop cher pour des personnes pauvres.
Pour continuer dans les chiffres, peut-être apprendrez-vous que 86 % des travaux financés par Ma Prime Rénov’ ne concernent qu’un aspect de la rénovation, comme changer des fenêtres ou refaire l’isolation du toit. C’est pourtant l’ensemble de l’isolation qu’il faut refaire si on veut atteindre les objectifs de basse consommation.
Nous préférerions donc que l’État investisse vraiment dans la rénovation thermique, à hauteur de 700 000 logements rénovés chaque année, comme le propose le scénario Négawatt. La métropole de Lyon a doublé son budget pour la rénovation thermique, mais nous avons calculé que ce budget aurait dû être multiplié par huit pour atteindre les objectifs du Schéma directeur des énergies. Sans aide massive de l’État, nous sommes incapables d’un tel investissement.
Cet hiver, nous allons payer durement notre impréparation. Même en mettant un col roulé et un pull supplémentaire, les pauvres de notre pays auront froid.