Par Aurore GORRIQUER
Je vais commencer par une citation d’une phrase que vous avez peut-être entendu récemment : « Très nombreux sont les libyens, très nombreux sont les syriens, très nombreux sont les afghans […] à avoir demandé l’asile. Simplement il y a parfois un détournement du droit d’asile pour d’autres raisons. Mais ce n’est vraiment pas le cas des ukrainiens, chacun constate qu’il y a la guerre dans leur pays »
Voilà comment, ce jeudi 3 mars, Gérald Darmanin a résumé sur France Inter sa politique migratoire. Il ne faisait finalement que répéter avec d’autres mots ce qu’avait dit Emmanuel Macron à propos du retour des talibans en Afghanistan, je cite : « L’Afghanistan aura besoin dans le temps qui viennent de ses forces vives et l’Europe ne peut pas à elle seule assumer les conséquences de la situation actuelle. Nous devons anticiper et nous protéger contre les flux migratoires irréguliers importants. »
Nos gouvernants ne sont malheureusement pas les seuls à créer des distinctions entre le bon et le mauvais migrant. Certains éditorialistes, journalistes et autres responsable d’extrême-droite semblent s’être passés le mot. Dans leur bouche, accueillir les uns plutôt que les autres relève de l’évidence, puisque certains nous ressembleraient plus que d’autres.
Depuis quand le racisme peut-il être exprimé si ouvertement en France sans réelles conséquences ?
L’Union européenne a mis en place en urgence un statut de protection temporaire le 4 mars dernier pour accueillir plus facilement les réfugiés d’Ukraine. Pourquoi cela n’a-t-il pas été fait pour ceux provenant d’Afghanistan, l’été dernier ? Cette protection temporaire nous rappelle que l’Europe bénéficie déjà d’outils pour accueillir plus rapidement des réfugiés. Ne pas l’avoir utilisé pour ceux et celles provenant des pays du Maghreb ou de la péninsule arabique est un choix politique ; maintenir l’inaction face au doublement, en 1 an, du nombre de morts en Méditerranée est un choix politique.
Notre choix, ici, à Villeurbanne, est d’accueillir tous et toutes les réfugié.es, peu importe la guerre ou le tyran qu’ils fuient. L’équipe précédente le faisait déjà, et nous continuons de créer des places de logement et de l’aide alimentaire pour toutes et tous.
Nous plaidons ce soir pour qu’avec l’arrivée des réfugiés ukrainiens, l’État reconnaisse le manque de structures d’accueil en France ; pour que l’État donne de vrais moyens aux communes pour créer des hébergements adaptés ; pour que l’État anticipe les migrations liées au changement climatique en prévoyant des logements.
Nous ne croyons pas à un changement de philosophie du gouvernement en place. Les déclarations de Darmanin et Macron montrent bien leur peur et leur rejet des réfugiés. Nous croyons en revanche qu’avec un autre gouvernement d’union populaire, écologiste et social, la France pourra prendre sa véritable part dans l’accueil des réfugiés.
En attendant, je suis fière d’être élue pour une ville qui accueille sans distinction. Nous voterons bien sûr pour cette délibération.