Par Mathieu Garabedian
Si vous ne buvez pas pendant trois jours, vous mourrez. Quel chiffre plus parlant que celui-ci pour comprendre le caractère inestimable de l’eau, ce bien commun indispensable à la vie ?
Aujourd’hui, il nous faut affirmer que l’eau ne doit pas être une marchandise. Sa valeur existe au-delà de son prix, car aucun billet de banque, aucune monnaie, ne pourra jamais étancher la soif des êtres vivants de la planète, et il est impossible pour nous d’imaginer qu’une entreprise privée puisse tirer des bénéfices de ce bien précieux, que les usagers et les usagères payent une note bien plus chère que le coût réel du service.
Avec la gestion de ce service public par la filière de Veolia, il y a des frais supplémentaires sur la facture. L’entreprise en délégation nous fait payer ses remontées financières à sa holding, ses impôts et ses taxes sur les sociétés privées, sa marge commerciale … Laisserions-nous une entreprise privée faire de l’argent sur l’air que l’on respire ? Dans ce cas, pourquoi le faire pour l’eau ?
Car nous savons également que l’accès à l’eau, dans les années à venir, sera de plus en plus compliqué. Les tensions sur son partage, de plus en plus fortes. Cette ressource ne peut donc pas être répartie dans une logique de marché, où ce qui est rare est cher, et où ce qui est cher n’est accessible qu’à ceux qui ont le plus de moyens.
Et c’est pour ça qu’au nom des groupes Villeurbanne Insoumise Ensemble, Cercle Radical et Place Publique, je peux dire aujourd’hui que nous sommes fiers du processus enclenché de passage en régie publique de l’eau pour notre métropole.
Une régie, donc, mais de quel type ? Nous souhaitons d’abord une régie démocratique, avec un statut qui permette d’inclure les associations, les citoyens et les citoyennes au sein de son conseil d’administration. Cette participation directe à la prise de décision avec un droit de vote est essentielle pour impliquer sans détours les premiers concernés.
Une régie, ensuite, qui nous rende la maîtrise technique de la gestion de l’eau en ce qui concerne les savoir-faire et les structures physiques. Cela nous permettra de nous assurer que nos politiques sont menées comme nous l’entendons, et que les connaissances nécessaires, les compétences humaines, ne sont pas confisquées par le privé. C’est finalement s’assurer de notre souveraineté sur la maîtrise de nos biens communs.
Une régie, enfin, qui promeut la justice sociale et garantisse un véritable droit à l’eau. Par son accès inconditionnel : pour que toutes les personnes même celles qui n’ont pas de logement et qui ne sont pas connectées au réseau puisse y accéder. Il nous faut donc développer des équipements publics de bains-douches, des toilettes ou des fontaines accessibles à toutes et tous. Et par son prix, tenant compte de nos utilisations. L’eau vitale, celle qu’on boit ou avec laquelle on se lave, ne devrait pas avoir le même prix que celle utilisée pour nettoyer une voiture. Rendons alors les premiers mètres cubes gratuits et mettons en place une tarification progressive pour garantir une vie digne, et combattre les mésusages et gaspillages de l’eau.
Mes chers collègues, saisissons-nous ensemble de cette opportunité historique pour faire rimer nos ambitions de justice sociale et de transformation écologique.