Par Morgane Guillas
« L’énergie la moins chère, c’est celle que l’on ne consomme pas. » Derrière ce lieu-commun se cachent plusieurs réalités, vécues par beaucoup de villeurbannaises et de villeurbannais.
L’énergie la moins chère, d’abord, pour les personnes qui vivent dans des logements que l’on surnomme « passoires thermiques ». Dans ces maisons et ces appartements, un chauffage,même mis à sa puissance maximale, porte le thermomètre bien en-dessous des 19 degrés recommandés pour le confort. Et l’été, c’est parfois même pire, avec des périodes de plus en plus caniculaires. Aujourd’hui, les passoires thermiques représentent 45 % de la consommation énergétique du pays, et la facture, toujours élevée, est surtout payée par les classes populaires qui n’ont pas les moyens de vivre dans des logements plus isolés.
L’énergie la moins chère, ensuite, pour notre pays et pour la planète. 20 % des émissions de gaz à effet de serre françaises sont dues à ces passoires thermiques, et elles en émettent plus que l’agriculture ! Imaginez comme l’isolation de tous nos bâtiments ferait baisser drastiquement nos consommations, que ce soit en énergie ou en matières premières. Rénover énergétiquement les bâtiments, c’est donc une politique gagnante sur 3 plans : le propriétaire valorise son bien, le locataire paye moins de factures avec un meilleur confort de vie, et il y a moins d’émissions de gaz à effet de serre.
Depuis 1974 et les premières lois thermiques françaises, des aides sont accordées pour l’isolation. Le problème est qu’elles ne permettent pas de rénover énergétiquement assez rapidement. Pour plusieurs raisons : il est complexe d’obtenir ces aides (surtout dans l’habitat collectif), il y a des problématiques architecturales, ou bien, les habitants n’y voit pas toujours leur intérêt (on comprend les personnes de plus de 60 ans qui doutent de cet investissement alors qu’il faut approximativement 20 ans pour rembourser cette dépense).
Une des solutions est la prise en charge par les collectivités publiques du cout de cette isolation. Avec un remboursement différé par un loyer égal aux économies réalisées, comme cela peut se faire sur des logements sociaux locatifs. La collectivité planifie et contrôle alors ses enjeux patrimoniaux tout en évitant aux habitants, ne le pouvant pas, de supporter l’investissement.
Un autre enjeu concerne les matériaux utilisés pour faire ces rénovations et leur qualité. Nous sommes élus, nous pouvons ajouter des critères dans nos cahiers des charges pour favoriser les matériaux biosourcés performants. Depuis plusieurs années, la métropole de Lyon et la ville de Villeurbanne ont mis en place !plusieurs dispositifs pour aider les copropriétés et propriétaires de maisons individuelles à les rénover sur le plan énergétique. Plus de 2 500 logements ont ainsi pu bénéficier de ces travaux. Ces efforts seront mutualisés courant 2021, et ils permettront de poursuivre les aides pour une isolation thermique de qualité.
Pour la suite de ce dispositif, il faut cependant encore intensifier nos efforts et aller plus loin, plus vite. Nous avons fait le calcul : à Villeurbanne, en continuant à ce rythme et si l’on veut rénover uniquement les logements construits avant 1991, il faudra attendre l’année 2140 ! Notre groupe sera donc attentif à la bonne poursuite du dispositif et aux discussions qui auront lieu avec la métropole dans le cadre d’Ecoréno’v.