Par Julien Ravello
Demain le Ministère de la Culture désignera Villeurbanne comme première Ville lauréate du label “capitale française de la culture”… enfin nous l’espérons toutes et tous. Nous tenons d’ailleurs à remercier toutes les personnes qui ont travaillé sur ce projet durant ces dernières semaines.
Demain, ce sera également le 17ème jour d’occupation du Théâtre National Populaire (TNP) de Villeurbanne. Artistes et techniciens du spectacle vivant ont pris possession du TNP pour obtenir la réouverture des salles mais pas uniquement. Il s’agit aussi de “retrouver un peu de joie, d’espoir, de volonté de résister”!
Nous votons ce soir de nouvelles subventions en soutien aux acteurs culturels de Villeurbanne et c’est une très bonne chose. Nous restons tout de même vigilants car cet argent doit impérativement profiter à l’embauche de salariés, artistes comme techniciens, du spectacle. En effet, très souvent, et surtout trop souvent, on constate une certaine uberisation du métier car les structures ne salarient pas les artistes, mais leur demandent d’intervenir sous forme de prestation, faisant reposer la charge de leur emploi aux artistes eux-mêmes. Le montant versé dans le cadre de ces “contrats de cession” est bien souvent en-deça de ce qui permettrait de salarier tous les intermittents à des montants conventionnels. Les paies sont parfois corrélées à la recette de billetterie, ou simplement au chapeau, ce qui fait peser une charge et un risque supplémentaire sur les artistes qui deviennent dépendants et donc de fait responsables de la communication autour de l’évènement.
Lorsque le spectacle vivant pourra reprendre, il faut à tout prix éviter que ces pratiques, ainsi que le chantage à l’emploi, la banalisation du travail au noir, ne viennent s’additionner à la situation dramatique dans laquelle se trouve le secteur. Les pertes de revenus engendrées par la non activité provoquent aussi des pertes de revenus et de cotisations différées (retraites, maladie, maternité, congés, droits d’auteurs ou d’interprète…). En tant que collectivité locale, nous devons être vigilants et vigilantes à ce que les conditions de travail des artistes soient respectées et à ce que le salariat soit la norme.
Le mouvement d’ampleur d’occupation des lieux culturels porte d’autres revendications que nous souhaitions reprendre. Nous soutenons par exemple la mise en place d’un fond de soutien pour financer les salaires durant les répétitions, créations, résidences et enregistrements qui ont lieu maintenant. Il en est de même pour le maintien des droits sociaux, particulièrement les droits à congé maternité ou maladie dont la plupart des artistes sont aujourd’hui privés ; la prolongation de l’année blanche pendant un an après la reprise du travail avec le maintien des allocations des intermittents. Au 31/08/2021, l’année blanche se termine sans aucune garantie par le gouvernement de nouvelles mesures de soutien ! Enfin, il faut des mesures pour faciliter l’indemnisation des artistes et techniciens qui ne sont pas intermittents, notamment pour ceux en début de carrière ou ayant subi un accident de carrière.
Il ne vous aura pas échappé que le mouvement des acteurs de la culture associe l’ensemble des précaires qui subissent eux aussi les conséquences de notre système néolibéral. Il porte donc le retrait de la réforme de l’assurance chômage, qui les rendra encore plus fragiles. Notre groupe ira plus loin en revendiquant la mise en place d’une véritable sécurité sociale professionnelle, qui attache des droits à la personne et non au poste de travail et qui garantit le droit à bénéficier d’un revenu digne. Tout travail est une contribution au bien commun. Et comme tout le monde est appelé à participer au bien commun, tout le monde doit pouvoir vivre décemment !