Par Marc GIOUSE
Rue de la prairie, rue de l’épi de blé, rue des coquelicots : ces noms évoquent plus la campagne qu’un quartier de Villeurbanne. C’est que contrairement au reste de notre ville, Saint-Jean comptait jusqu’à la fin du 19e plus de bovins que d’êtres humains. Ce n’est qu’à partir de l’entre-deux guerres qu’on commence à y construire des maisons . Quant à l’urbanisation, elle n’est rendue possible que par la construction d’une digue en 1951 dont a parlé Agnès Thouvenot. En 1966 l’office HLM de Villeurbanne construit près de 500 logements.
70 ans après quasiment, il est temps d’augmenter nos efforts pour améliorer le quotidien des Saint-jeannais. Cette délibération est l’occasion de leur dire que les rénovations qu’ils et elles attendent vont enfin pouvoir débuter. Nous, élu·es d’une majorité de gauche et écologiste, nous sommes en effet persuadé·es que la puissance publique doit tout mettre en œuvre pour réduire les inégalités sociales et territoriales. Et si des services publics existent déjà à Saint-Jean, nous sommes bien conscients qu’ils doivent être améliorés et renforcés.
C’est en effet la moitié de la population du quartier qui est concernée par la grande pauvreté et un taux de chômage élevé. C’est le seul quartier situé à l’est du périphérique et du canal de Jonage et cela pose quelques difficultés sur le plan des infrastructures de transports pour faire un quartier pleinement villeurbannais. C’est aussi un quartier très minéral qui manque d’espaces publics agréables.
Aux côtés de l’ANRU, de la Métropole et d’Est Métropole Habitat, les presque 90 millions d’euros que nous allons investir vont permettre d’améliorer les conditions d’habitat des Saint-jeannais. Nous transformerons des passoires thermiques en logements confortables. Près de 400 logements sociaux seront réhabilités, et 1900 logements neufs seront construits. La convention prévoit l’augmentation des services et commerces locaux, grâce à la construction d’une salle polyvalente multisport, de locaux d’activité, d’un nouveau groupe scolaire et d’un nouveau centre commercial. Et puis, le quartier sera désenclavé par la création de la ligne T9 et la construction d’une nouvelle passerelle à Croix-Luizet. Enfin nous créerons des espaces de promenade le long des berges ainsi qu’un site de production maraîchère.
Nous voulons saluer ici la démarche d’implication des habitants même si, madame Thouvenot l’a dit, ce n’est pas toujours très simple, leur implication pour construire ce projet de rénovation urbaine. Nous sommes convaincus que leur participation peut leur permettre de reprendre confiance dans les institutions et dans les élus.
Ce type de rapprochement est d’autant plus nécessaire , après les événements qui ont marqué le début de l’été à Villeurbanne comme dans de nombreuses villes de France. Je veux évidement parler des révoltes urbaines de fin juin. Elles ont été déclenchées, il faut le rappeler, suite à la mort d’un jeune de 17 ans, abattu par un policier dans des circonstances qui ont été d’abord dissimulées par l’institution policière elle-même, avant d’être documentées par des vidéos amateurs. Ces révoltes ont débouché sur des destructions que nous condamnons mais qui ne doivent faire oublier ni la dimension politique des soulèvements, ni la nécessité de réponses rapides et concrètes aux discriminations sociales, territoriales et raciales qu’ils ont remis en lumière.
Nous savons que nos efforts en matière d’urbanisme seront insuffisants tant que la police nationale sera utilisée contre les jeunes des quartiers populaires et qu’elle ne sera contrôlée que par l’IGN donc par elle-même.
Car si les causes du malaise sont diverses, ce sont les relations toujours police-jeunesse qui ont déclenché les révoltes depuis presque 40 ans.
Les tensions entre la police et une partie de la jeunesse se conjuguent à la dégradation progressive des services publics dans nos quartiers et parfois à leur fermeture. Un seul indicateur suffit : le budget de la politique de la Ville représente moins de 1 % du budget de l’État, sans compter les milliards que ce même État ne met pas pour l’emploi, pour l’éducation, pour la sécurité et la santé dans ces quartiers.
Je reviens à Saint-Jean.
Parce que nous croyons à l’action publique, la signature de cette convention est un grand pas vers des conditions de vie plus dignes pour les habitants, même si les actions prévues mettront du temps à voir le jour. Il faudra en effet attendre 2029 avant la fin des réhabilitations.
Nous agissons aussi sans attendre pour enrichir les relations positives entre les habitants et leur école maternelle et élémentaire Saint Exupéry. Et dans le cadre de capitale française de la culture, la ville a mis en place un Minimix dans l’école Saint-Exupéry, qui offre un service d’éducation artistique et culturel pour les élèves.
Nous délocalisons une partie de nos services publics avec la maison des services publics rue saint Jean. Elle offre aux habitants et aux habitantes la possibilité de s’informer et d’être guidés dans leur démarches du quotidien, avec des permanences pôle emploi, des infos juridiques, le CCAS ou encore un accompagnement psychologique.
Enfin nous soutenons également les apprentissages des jeunes en participant au financement d’associations de soutien scolaire ou d’aide à la parentalité. D’ailleurs, nous allons voter au cours de ce conseil municipal des subventions à certaines de ces associations.
C’est donc avec une grande satisfaction que nos groupes Villeurbanne Insoumise Ensemble ! Et Communistes et Républicains voterons cette délibération.